3 - Colère étouffée

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Je me levais lentement, comme chaque matin, les yeux encore plissés par le sommeil. Mes cheveux formaient une masse de mèches rebelles sur ma tête, témoins de ma nuit agitée.

J'allais à la cuisine pour préparer mon café, un rituel quotidien qui me permettait de me réveiller en douceur.

Chifuyu m'y rejoignit silencieusement. Comme d'habitude, nous nous parlons pas.

Pauvre de conversation.

C'était devenu notre mode de communication habituel. J'étais devenue une ombre de moi-même, incapable de parler de mes cauchemars et de mes peurs à Chifuyu.

Je voulais me persuader que je n'étais pas faible. Que je n'avais besoin de personne.

Le café étant prêt, je le versa dans ma tasse avec un léger soupir. J'avais l'impression que chaque gorgée m'apportait un peu de réconfort, un peu de chaleur dans ce froid qui m'habitait depuis si longtemps.

Parfois, quand j'essayais de parler à Chifuyu de manière amicale, je me rendais compte que rien ne changera.

Je lui donnais toujours des ordres comme avant, sans forcément le comprendre sur le moment. C'était devenu normal pour moi depuis toute ses années.

Et lui, il doit sûrement me voir que comme celle qui sert. À travers le reflet de ses yeux, lorsqu'il me regarde, j'ai l'impression qu'il ne me voit pas comme une femme.

Il était bien trop loyal au poste que lui avait assigné mon père.

Chifuyu et moi ne sommes que des coquilles vides.

Nous vivons dans un monde où nos sentiments nous semblent étrangers. Les moments où nous nous parlons étaient toujours rares et brefs, limités à des conversations sans intérêt personnel.

Il était rare que nous partageons nos sentiments, nos pensées les plus profondes. Tout nous semblait si superficiel et vide.

Je ne sais pas comment réparer ce qui était brisé en nous, ou même si c'était possible. Peut-être était-ce simplement une question de temps, de patience et de persévérance. Peut-être qu'avec les années, nous guérirons.

J'ai entendu dire par l'un de mes espions que Lorenzo va bientôt prendre un vol pour le Japon, disais-je en défilant les chaines de télé.

Comme toujours, nos conversations n'étaient qu'une échange d'informations.

Je l'ai appris aussi il y a peu, répond-t-il en consultant son téléphone. Son vol est prévu pour demain.

J'espère qu'il ne m'a pas retrouvé.

Il commence à devenir embêtant, râlais-je.

Chifuyu me regarda, contemplant mon irritation dû à cette nouvelle.

De ce que je sais, il ne vient ici que pour établir une relation avec le Bonten. Son voyage n'a rien avoir avec vous.

Je l'espère bien.

Malgré mon travail épuisant, cet appartement à l'apparence pauvre, j'aimais plutôt bien vivre ici. Me réinstaller dans un autre pays m'aurait vraiment fait chier.

Ça ne change en rien que c'est dérangeant.

Car il pourrait découvrir que nous sommes ici pendant son séjour.

Silencieux, il se leva, partant préparer à nouveau dû café. Tandis que moi, je continuais à marmonner des injures à l'encontre de mon frère.

Après tout, je ne l'aime pas, comme toute les personnes de ma famille.

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