Sous la surface

21 - Gardien intrépide

Tout a commencé le jour où Chifuyu est arrivé au manoir Moretti. J'avais eu vent qu'un enfant qui venait de perdre ses parents allait devenir le garde du corps de ma grande sœur, Y/n.

Je trouvais ça absurde.

J'avais alors décidé de me cacher dans l'ombre d'un long couloir, curieux et intrigué par ce nouveau venu. Lorsqu'il est finalement arrivé à ma hauteur, je l'ai abordé sans cérémonie, mon regard scrutant le sien.

— Es-tu celui qui compte devenir le garde du corps de ma sœur ? ai-je demandé, mon ton marqué par la froideur.

Chifuyu semblait hésitant, mais il a finalement répondu d'un simple "Oui". Mon regard s'est abaissé sur lui, le détaillant de haut en bas, et je n'ai pas pu m'empêcher de laisser échapper un soupir.

— Tu n'as pas du tout l'air qualifié.

Il semblait bien trop faible psychologiquement et physiquement pour servir ma sœur aînée. Il n'avait aucun atout nécessaire pour prétendre la protéger.

Je me suis retourné et j'ai commencé à marcher, l'invitant à me suivre. Chifuyu m'a suivi sans un mot, laissant les couloirs du manoir nous envelopper d'une atmosphère pesante propre à cet endroit.

Alors que nous marchions en silence, je me suis décidé à poser la question qui me brûlait les lèvres depuis un bon moment déjà.

— Quelle condition Y/n t'a-t-elle imposée ?

Chifuyu semblait un peu mal à l'aise, mais il a finalement répondu.

— Elle m'a demandé d'apprendre neufs langues.

Il me les lista toute, et je compris rapidement qu'Y/n ne voulait d'en aucun cas Chifuyu a ses côtés. Mais je ne devais pas laisser cette chance passer sous mon nez.

Pour la protéger, je devais me servir de lui.

— Je vais t'aider, ai-je annoncé. Je vais t'enseigner ces langues, et je vais faire en sorte qu'elle reconnaisse ta valeur.

Les semaines qui ont suivi ont été remplies d'heures interminables d'apprentissage. J'ai partagé avec Chifuyu non seulement les connaissances linguistiques, mais aussi les choses à savoir sur notre famille.

Il était plutôt un bon élève dévoué, absorbant chaque leçon avec une détermination silencieuse.

Et enfin, le jour que nous attendions tous les deux est arrivé. Chifuyu avait évolué, il avait maîtrisé les neufs langues qu'Y/n lui avait imposé. J'espérai de tout cœur qu'il réussisse son test.

Mon seul objectif était que quelqu'un puisse protéger ma sœur, puisse faire en sorte qu'elle ne se sente plus jamais seule dans ce monde sombre qui était le nôtre.

J'étais incapable de l'épauler ou d'alléger le fardeau qu'elle portait. Alors je devais faire tout mon possible pour que Chifuyu puisse le faire à ma place.

J'attendais avec impatience le retour de Chifuyu, voulant savoir si Y/n l'avait enfin acceptée. Et une trentaine de minute après l'avoir quitté, il arriva en trombe dans ma chambre, l'angoisse clairement peinte sur son visage d'habitude si calme.

— Qu'est-ce qui ne va pas, Chifuyu ?

Il avait hésité un instant, comme s'il cherchait les mots appropriés pour exprimer ce qui lui était arrivé. Puis, il avait finalement trouvé le courage de parler.

— Y/n... elle veut que je... j'apprenne à tuer.

Je savais qu'apprendre quelques langues n'était pas assez. C'était évident qu'elle allait lui demander autre choses.