38 - Fuir ou fuir

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— Je t'aime.

Le silence qui suivit me parut interminable. Je crus un instant que je m'étais perdue, que j'avais tout gâché. Mais alors, lentement, je vis un sourire se dessiner sur ses lèvres. Un sourire qui illumina son visage, effaçant l'ombre de froideur qui le caractérisait si souvent.

— Enfin...

Il s'approcha de moi, ses mains venant saisir mes joues avec une douceur inattendue.

— J'attendais ces mots depuis si longtemps.

Je fermai les yeux, sentant ses lèvres se poser sur les miennes, un baiser tendre et profond. Mon cœur éclata en mille morceaux de joie et de douleur mêlées. C'était comme si le monde s'effaçait autour de nous.

— Moi aussi, je t'aime, souffla-t-il en se détachant légèrement, ses yeux plongés dans les miens.

Je ne pus répondre, mes émotions m'étouffaient. Il me serra contre lui, m'enveloppant de ses bras protecteurs.

C'était à la fois merveilleux et terrifiant.

— Je suis tellement heureux que tu sois dans ma vie, continua-t-il. Je ne veux jamais te perdre, Y/n. Tu es tout pour moi.

— Moi non plus, je ne veux pas te perdre, répondis-je, ma voix à peine audible, enterrée dans son torse.

Le temps sembla s'arrêter ce soir-là. Nous restâmes ainsi, enlacés. Mais les jours passèrent, et malgré cette déclaration d'amour, mon univers ne s'agrandit pas. Je restai enfermée dans cette chambre, tandis qu'Izana continuait de venir me voir tous les jours, nourrissant notre amour à l'abri des regards du monde extérieur.

Il avait retiré les caméras, un geste qui semblait être une preuve de sa confiance en moi, de son amour. Mais ce geste renforçait également mon isolement.

Il me disait souvent que le monde en dehors de cette pièce ne comprenait pas notre amour, qu'il était trop dangereux pour nous d'essayer de l'exposer à la lumière du jour. Que si ça venait à ce savoir, on ne pourra plus rester ensemble. Et, aveuglée par l'amour, je restais, acceptant sa vérité comme la mienne.

Les jours se transformèrent en mois, les mois en années. Cette chambre devint mon univers entier. Je ne vivais que pour les moments où Izana venait me voir, pour ses mots, pour ses baisers. Chaque nuit où il restait avec moi, chaque fois qu'il s'endormait à mes côtés, je me sentais vivante, même si au fond de moi, je savais que quelque chose n'allait pas.

Je sentais que j'oubliais quelque chose d'important. Cependant, je ne voulais pas perdre cette illusion d'amour, cette chaleur dans laquelle je m'étais enveloppée.

Alors quitte à oublier, j'oublia.

Mais un jour, tout bascula.

J'étais assise sur le lit, un livre à la main, un de ceux qu'Izana m'avait apportés pour occuper mes longues journées. J'étais absorbée par ma lecture lorsque j'entendis des bruits venant de l'autre côté de la porte. Mon cœur s'emballa immédiatement.

Izana ne devait pas venir avant plusieurs heures, alors qui est-ce ?

Je me levai précipitamment, mon esprit assailli par la panique. Personne ne devait savoir que j'étais ici. Izana m'avait toujours avertie que si quelqu'un découvrait notre secret, tout s'effondrerait.

Je n'entendais pas très bien les voix, mais elles semblaient jeunes, inconscientes du danger qu'elles représentaient pour moi.

— On devrait repartir, on a pas le droit de venir ici, dit une voix, nerveuse.

Sous la surfaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant