29 - Sourire de l'Artifice

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Une semaine c'était écoulé depuis la capture de Mikey. Le jour, je restais avec Sanzu pour avoir conscience de la situation, et le soir, discrètement, je rejoignais Mikey se faisant consumer à petit feu par l'obscurité.

Je lui apportais de la nourriture tout les deux jours, bien qu'il me contraignait à le forcer à le nourrir.

Pendant ces visites, je lui reposais les mêmes questions en boucle, espérant qu'il craque. Mais Mikey restait silencieux.

Je savais que ça n'allait pas être aussi simple. La torture sous l'isolement demande de la patience. Le briser mentalement nécessitait du temps. Cependant, je n'ai jamais été du genre à attendre.

Et c'est sûrement pour cela que je suis autant en colère.

Lorsque je rentrais au Bonten, Sanzu continuait de m'offrir des sourires. Au vue de la situation, je devrais être réjouis. Personne ne semblait avoir de soupçons sur moi, j'ai Mikey entre mes mains. Tout était parfait.

Mais le fait que Mikey ne faiblissait pas me frustrait hautement.

C'était sûrement parce que tout ceci était lié à Chifuyu que j'avais du mal à garder mon sang froid. Normalement, dans ce genre de situation, le silence de mes proies ne me dérange pas.

Alors pourquoi je n'arrive pas à me contrôler comme je le fais d'habitude ?

Peut-être est-ce à cause de ma colère, de ma frustration, que mon envie de le faire souffrir ne cessait de grandir.

Aujourd'hui, c'était un jour morne. La veille, j'avais eu du mal à m'endormir. Quand j'avais mangé ce midi là, mon repas semblait étrangement mauvais. Accumulant d'autres petites choses insignifiantes mais désagréable au fil de cette journée, j'avais ressentis le besoin de me défouler.

Puis, une idée m'est venue à l'esprit.

Allant voir Mikey, j'avais ramenée avec une moi une grande caisse en métal.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Mikey, ses yeux perçants me dévisageant.

Une étincelle fugace de curiosité éclairait son regard.

— Enfin décidé à parler ? lançai-je, laissant l'ombre de ma voix enjouée flotter dans l'air. Tu es curieux ?

Il ne répondit pas, son mutisme imperturbable résonnant comme une sentence inébranlable.

— Un jour, alors que j'avais douze ans, commençais-je, ma voix résonnant doucement dans le creux de la pièce, mon père, dans son infinie sagesse, a décidé que j'avais besoin d'une punition pour m'endurcir.

Plus que pour m'endurcir, c'était surtout pour me dresser.

— Il m'a alors enfermée dans une boîte. À l'intérieur de cette boîte, il y avait un insecte, vorace, qui se nourrissait de ma chair petit à petit.

Je faisais glisser la caisse entre nous deux.

— À l'époque, la seule chose que je pouvais faire à l'intérieur de cette boîte était de me débattre et de hurler de douleur. J'avais même suppliée mon père de me faire sortir.

M'approchant de Mikey, je releva sa tête pour qu'il me regarde droit dans les yeux.

— Et tu sais ce qu'il m'a dit ? « Arrête de chouiner, tu n'es plus une gamine. Si tu ne peux pas supporter ça, tu ne me sers à rien ». C'était un homme cruel, n'est-ce pas ?

Toujours silencieux.

— Tu vois l'insecte dans ce bocal ?

Il regarda fixement ce que je tenais dans la main.

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