43 - Izana (4)

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Des pans de murs fissurés laissaient passer des filets de lumière morne, éclairant d'un gris terne les débris éparpillés sur le sol.

Ornella se tenait là, sa frêle silhouette au milieu de ce décor froid. Je l'observais à distance, mes bras croisés, le regard dur et chargé de mépris. Ses mains tremblaient légèrement, signe d'une inquiétude mal dissimulée.

— Tu aurais dû me prévenir, dit-elle, sa voix vacillante mais teintée d'une fausse assurance. Ce faux kidnapping... je ne m'y attendais pas. Ça m'a fait peur, Izana.

Je laissai échapper un sourire froid, presque mécanique.

— Ta réaction n'aurait pas été réaliste si je te l'avais dit, Ornella. Puis tu voulais la tourmenter, alors c'était la seule solution pour exaucer ton souhait.

Elle fronça les sourcils, mais ne put s'empêcher de hocher la tête en signe d'accord.

— C'était une bonne idée, finit-elle par dire joyeuse. Y/n est bien trop attachée à moi. Elle va sûrement paniquer.

Elle rit, un rire sec et désespéré, et je la rejoignis dans son hilarité sombre. Ornella n'avait pas l'air de comprendre à quel point elle était minuscule, insignifiante. Mais je la laissais croire qu'elle menait la danse.

— Ça se voit qu'elle n'a jamais eu quelqu'un qui l'aimait, ajouta-t-elle, son ton prenant une amertume cruelle. Mais qui pourrait aimer une folle comme elle ? Seul un autre monstre pourrait en aimer un autre.

Je haussai un sourcil, amusé par la naïveté de ses mots. Elle ne savait rien, absolument rien. Et pourtant, elle croyait tout comprendre.

— Tu as raison, dis-je avec un sourire en coin. Un monstre ne peut être aimé que par un autre monstre.

— Elle va souffrir comme j'ai souffert. C'est la première étape. Elle doit comprendre ce que c'est de vivre dans la douleur, d'être brisée de l'intérieur.

Son visage s'illumina brièvement, une lueur de satisfaction dans ses yeux. Je la laissai se bercer dans son illusion, savourant le moment où tout s'effondrerait pour elle.

— As-tu dit à quelqu'un que nous nous connaissions ? demandai-je brusquement, fixant son visage pour y déceler la moindre trahison.

Elle sembla hésiter une seconde, puis secoua la tête.

— Non, bien sûr que non. Pourquoi...?

Je lui souris de nouveau, cette fois plus sincèrement.

— Parce que je vais tout faire pour que ton souhait se réalise.

— Après tout, on travaille ensemble pour ça, non ? répondit-elle, confiante. Toi aussi, tu veux la voir souffrir.

Je laissai un silence s'installer, savourant son incompréhension grandissante. Puis, doucement, je m'approchai d'elle.

— Non, Ornella, tu te trompes.

Elle recula légèrement, surprise par mon ton calme. Ses yeux étaient emplis de confusion.

— Comment ça, je me trompe ? Nous voulons la même chose, c'est toi qui me l'as dit.

Je fis encore un pas vers elle, réduisant la distance entre nous, et cette fois, ma voix se fit plus glaciale, plus tranchante.

— On dirait que tu m'as mal compris. Je ne veux pas la voir souffrir. Au contraire.

Un silence pesant s'abattit sur nous, et Ornella fit un pas en arrière, tentant de comprendre le sens de mes paroles. La peur s'insinuait doucement en elle.

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