CHAPITRE 19

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PDV d'Elvira

J'émerge lentement du sommeil. J'ai les paupières lourdes, les muscles endoloris. J'ai l'impression d'avoir couru un marathon puis, les souvenirs me reviennent. Je suis à l'hôpital.

La lumière m'aveugle, je plisse les yeux et, tourne la tête sur le côté. Je croise alors le regard d'Adonis, qui me fixe, les yeux perdus dans le vide.

- Tu n'as pas dormi ? je parviens enfin à dire.

Ma question inutile le sort de sa rêverie. Bien évidemment qu'il n'a pas dormi, ces cernes sont visibles à 4 km.

Il secoue la tête et s'approche de moi. Doucement, sa main passe sur la peau brûlante de mon front avant de glisser sur mes joues humides.

- Pourquoi ?

Il fronce les sourcils, ne comprenant pas ce que je veux dire.

- Je... hésite-t-il, je... je voulais m'assurer que tu ailles bien et qu'il ne t'arrive rien pendant que tu dormais.

Il écarte des mèches de mes cheveux de mon front puis, sans que je m'y attende, il se penche vers moi. Avant même que je n'ai le temps de reprendre mon souffle, ses douces lèvres se déposent délicatement sur le sommet de mon crâne. Puis, comme si de rien n'était, comme si ce qu'il venait de faire était censé avoir un sens pour moi, il s'éloigne et s'apprête à sortir de la chambre.

- Je vais appeler l'infirmière pour qu'elle t'ausculte avant que nous repartions.

Le bruit de la porte qui claque, me signifiant qu'il est enfin sorti, me fait sursauter. J'attends, je rumine, mon cerveau ne cesse de repasser la scène. Si un jour, on m'avait dit qu'Adonis tenterait de prendre soin de moi, j'aurais eu mon meilleur fou rire. Aujourd'hui, cela me provoque une étrange sensation.

Je le déteste. Je le déteste tellement. Je le hais au plus profond de mon être. Pourquoi est-il si compliqué ? Ne peut-il pas rester horrible pour que je puisse le torturer et venger la petite Elvira comme il se doit ?

***

Mon regard se perd en observant Breckenridge disparaitre pour ne laisser place qu'à des champs sans fin. Une très longue route nous attend.

- Pourquoi n'es-tu pas venu en avion ? Ç'aurait été moins pénible pour toi, plutôt que de faire toute cette route.

Il souffle, se gratte le front. J'ai l'impression que devoir m'expliquer ses agissements contradictoires le gêne quelque peu.

- J'étais inquiet. Je n'ai pas réfléchi. J'ai directement pris ma voiture.

Je reporte mon attention sur le paysage.

Malgré ma légère fièvre, l'infirmière m'a laissé partir et, à conseiller Adonis de faire bien attention à moi durant le trajet. Elle lui a dit qu'à mon arrivée, il fallait bien que fasse appel à un infirmier pour qu'il s'occupe de mes plaies et des points de sutures que j'ai dans le dos.

Elle m'a aidé à prendre une douche, mais, c'est presque inutile car j'ai dû remettre mes vêtement déchirés pleins de boue et de sang. J'ai hâte de pouvoir me les enlever, j'ai l'impression qu'ils pèsent une tonne.

Je ne suis pas particulièrement hypocondriaque, mais, j'ai le sentiment que je vais bientôt attraper la gale avec autant de microbes sur moi.

- Comment tu t'es faite cette cicatrice dans le dos ?

Je suis surprise par sa question soudaine, lui qui a été si silencieux depuis hier. J'hésite à mentir, à inventer une histoire, mais, je me résous à lui dire la vérité.

ElviraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant