Elvira

CHAPITRE 1

8 ans plus tard

- Ne me dit pas que tu comptes, y aller quand même !

Laura essaie de me résonner depuis maintenant un bon bout de temps.

Je soupire, car, ça fait plusieurs heures maintenant que je dis que je compte bel et bien y aller, malgré ce qu'elle peut penser.

- C'est du grand n'importe quoi ! Ce ne sont que des hypocrites. Ils t'ont tout pris et, maintenant, ils vont se permettre de faire les « soi-disant » bonnes personnes en te demandant ce que tu fais de ta vie. Toi, bien évidemment, tu vas leur mentir sur ta carrière et, eux, sans même savoir, ils vont te féliciter alors qu'intérieurement, ils auraient rêvé te voir à la rue ! Non, Elvira, c'est insensé ! Me crie-t-elle dessus.

Laura a beau être une très jolie jeune femme, là, elle me casse la tête. Elle sait pourtant très bien que je vais y aller, malgré ce qu'elle peut en penser.

Oui, je veux le revoir. Je veux le voir jubiler. Je veux voir la peine dans ses yeux, la culpabilité et, moi, je veux qu'il voie la haine que je ressens pour lui.

Mon ancien lycée m'a envoyé une lettre, il y a maintenant deux semaines, pour m'annoncer qu'ils veulent faire une réunion d'anciens élèves. Ce qui signifie que je vais revoir, mon cher et tendre. Une personne que je porte particulièrement dans mon cœur...

Mes années de lycée ont été un enfer et, c'est pour ça que Laura veut m'interdire d'y aller. Mais, moi, je ne le vois pas de cet œil. Je vois là, une belle occasion pour enfin obtenir ce que je veux.

Ma vengeance...

Celle dont je rêve depuis ce soir-là. C'est l'occasion parfaite pour le faire jubiler, le faire regretter.

- Je vais y aller, répétais-je une énième fois. Arrête de causer. Soit, tu la fermes, soit tu dégages de ma vue, lui demandais-je de toute la gentillesse et la patience dont je suis capable de faire.

Je tourne la tête vers elle et, là, je vois passer un petit air de malice.

- Fais-moi taire.

Je soupire une nouvelle fois. Il y a quelque temps, il se pourrait que j'aie eu une aventure avec elle.

Laura était mon amie. Je ne sais pas pourquoi, mais, avec un peu trop d'alcool dans le sang, ç'avait dérapé et, quand je me suis réveillée, j'ai enfin été fixée sur ma sexualité.

Je me suis toujours questionnée sur ma sexualité. Je me suis toujours demandé si j'étais bisexuelle, mais, après cette soirée, je me suis rendue compte que jusqu'à preuve du contraire, non.

Je regrette cette soirée, car, à présent, j'ai peur qu'elle espère certaines choses qui n'arriveront pas et, malgré tout, je ne souhaite pas lui faire du mal. C'est une bonne personne. Je n'ose pas lui avouer que le faible qu'elle a pour moi, n'est pas réciproque, même si ce n'est pas forcément ma faute, ni de la sienne.

J'ai toujours cru avoir un faible pour elle, à vrai dire. Je voulais, à travers cette soirée, vérifié si ce faible était réel ou non Mais, le lendemain, je me suis aperçu que non. Ce n'était pas mon cœur qui parlait, mais, mon cerveau. 

Je ne sais pas.

- C'est bon, Elvira, je rigole. Je sais très bien, tu sais ? Je l'ai compris depuis longtemps, m'avoue-t-elle.

Je me tourne peut-être un peu trop brusquement vers elle tandis que nous étions sur la route pour aller vers mon bureau.

- Que sais-tu ?

Elle s'appuie sur le mur et croise ses bras.

- Je sais que tu as compris que tu n'aimais pas les filles. Je l'ai compris depuis longtemps figure-toi. Ce n'est pas grave, tu sais ? Tu aurais pu me le dire, m'avoue-t-elle d'un des airs les plus sincères qu'elle sait faire.