CHAPITRE 4

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PDV D'Adonis

J'arrive devant l'aéroport, garant ma voiture qui mériterait d'être récurée. J'en sors lentement, sortant ma petite valise du coffre tout en essayant d'ignorer cette boule au ventre constante qui est apparu dès que mes yeux ont de nouveau croisé les siens. 

Je sais que je ne devrais pas. Je ne devrais pas lui faire confiance. Je n'aurais jamais dû accepter son offre. Je le sais. Je le sens. J'ai le sentiment que ça va être terrible. Je ne vais pas seulement réparer une voiture qui ne veut pas avancer. Si seulement il y en a une.

Je ne voulais pas accepter pourtant, elle a été si convaincante. Quand elle a tourné les talons, j'ai directement su que c'était fini pour moi.  J'aurais pu me défiler, mais, j'ai l'impression que ça n'aurait fait qu'aggraver la situation. 

Je repense à ses yeux bleus qui me tourmentent depuis cette fichue rencontre entre les anciens élèves. 

Elle avait paru si changée, si différente. Je ne l'avais jamais vu sous cet angle. Pourquoi a-t-elle fallu qu'elle cache ses putains d'yeux sous des lunettes beaucoup trop grandes pour son visage tout ce temps ? Ils pourraient envouter n'importe qui.

Ils m'ont hypnotisé et poussé à accepter un putain de contrat qui paraît bateau. 

Lorsque j'arrive devant l'aéroport, le soleil est en train de se coucher. 

19 h 50

Je ne la vois nulle part. Les seules personnes présentes sont deux hommes qui ont l'air de faire plus de deux fois mon poids et font presque une tête de plus que moi, pourtant, je ne suis pas vraiment un poids plume et, je ne suis pas du tout petit.

 Ils sont habillés tout en noir et ne me regardent même pas. Pourtant, j'ai bien l'impression qu'ils sont conscients de ma présence. J'ai même le sentiment qu'ils ne sont pas là par hasard. 

 Elvira, qu'as-tu dans le crâne ? 

Je replace mon sac à dos sur mon dos avant d'entrer dans l'aéroport et, ma théorie se confirme quand je vois les deux hommes me suivre. Je m'arrête puis, ils passent devant moi. 

L'un d'eux, un blond avec la mâchoire encore plus carrée que le coin d'une table, me toise alors que le deuxième au crâne rasé se contente de regarder droit devant lui.

Sans un mot, le blond que j'ai décidé d'appeler Ken car il aurait tellement pu avoir son rôle aux côtés de Barbie, pose violemment sa main sur mon épaule et me pousse légèrement, m'intimant d'avancer sans broncher, comme si j'étais un criminels qu'on serait en train de conduire en prison. 

Oui, je viens de m'embarquer dans un vrai traquenard. 

L'aéroport est vide, nous arrivons rapidement à l'extérieur où un avion nous attend, un peu plus petit que tous ces avions low cost  que j'ai pu prendre dans ma vie. 

Je comprends que c'est dans cet avion que je retrouverai Elvira. 

Je monte les marches machinalement et, je me rends compte de l'ampleur de la réussite de celle que nous avions rabaissée et bien pire pendant toutes ces années. 

En repensant à cela, je ne peux m'empêcher de sentir mon cœur se tordre et de me dire que je l'ai détruite. Que tout est ma faute, mais, bizarrement, un sentiment de fierté m'envahit lorsque la chaleur de l'intérieur de cet avion luxueux m'envahit. Je me dis que malgré tout, elle ne s'est pas laissée abattre. 

Elle a réussi, c'est le principal. 

Je la retrouve, comme prévu, sur un siège en cuir beige, un verre de champagne à la main, des raisins blancs posés sur la table devant elle, un recueil des poèmes traduits de Baudelaire à la main. Elle est habillée en noir, exactement la même tenue que ce matin. Elle parait si paisible, mais, le sentiment que je me suis fourrée dans une mauvaise histoire ne cesse de me quitter. 

ElviraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant