GEORGIA

00. Prologue

POINT DE VUE DE GEORGIA :

— Nous sommes bien d'accord sur la somme ? insista mon père en observant le parrain de la Bratva.

Ce dernier tira une latte en soufflant la fumée sur le visage de mon père tout en levant les yeux au ciel.

— 72 millards, répéta-t-il d'un ton las.

Je tentais de capter le regard de ma mère afin qu'elle me transmette du réconfort, mais rien à faire. Elle fuyait clairement mon regard.

— Si jamais... commença mon père.

Le fils du parrain de la Bratva, Vitaly Varlamov claqua sa langue contre son palet pour couper la parole à mon père.

— Je ne pense pas que vous soyez en position de faire une quelconque menace à qui que ce soit.

Il n'avait pas tort. Mon père venait de me perdre moi, sa fille contre de l'argent et une alliance avec la mafia russe.

En me mariant avec Vitaly, mon père était maintenant certain d'avoir suffisamment d'argent pour vivre jusqu'à sa mort, mais il avait également gagné un allié. Un allié de taille. La mafia russe.

— Orlando, chéri, signe.

Ma mère n'attendait que ça. Elle voulait l'argent et rien d'autre. J'étais même quasiment sûre qu'elle n'en avait rien à foutre de la protection de la Russie. Elle était obsédée par l'argent et le luxe. Elle savait pertinemment qu'à l'instant même où mon père signerait ce contrat, elle obtiendrait la moitié des 72 millards d'euros.

— Gia, m'appela mon père d'un ton hésitant.

Les bras croisés, je lui lançais un regard noir en le reprenant.

— Pour toi, c'est Georgia, lâchais-je d'un ton amer.

Il ne méritait rien d'autre que le peu d'attention que j'acceptais de lui accorder. Un père qui met sa fille dans un mariage arrangé n'est rien d'autre qu'un lâche et un misérable qui n'a aucune valeur et aucun principe.

— Comprends-moi...

Plutôt crever.

— Bon. Vous signez ou pas ? s'agaça Sergei Varlamov.

Mon père me lança un regard désolé, un regard d'excuse, mais je ne pourrai jamais le pardonner ce qu'il est en train de me faire. Le simple fait qu'il ait envisagé de se débarrasser de moi pour de l'argent était lamentable.

— Comment ça va se passer pour Georgia ? s'intéressa soudainement ma mère.

En écrasant sa cigarette dans le cendrier posé sur la table en bois, Vitaly prit ensuite place sur le canapé, à côté de moi.

— Elle vivra avec moi, en Russie. Elle deviendra Madame Vitaly Varlamov et sera respectée autant que je le suis, déclara Vitaly.

Mais je ne voulais rien de tout ça. J'étais simplement une monnaie d'échange.

Tu vaux quand même 72 milliards, chérie.

— Vous ne lui ferez aucun mal ? questionna ma mère.

Comme si ça pouvait réellement te faire quelque chose. Je suis presque sûre qu'elle serait capable de demander plusieurs d'euros supplémentaires si je me faisais torturer.

Elle a le culot que personne n'a.

— Je ne battrai jamais Georgia, trancha Vitaly d'un ton cassant.