Ariane

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1er jour

Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi. Le silence est si intense ici que j'ai pu dormir des heures, voir un jour entier s'en m'en rendre compte. Je me suis étirée et j'ai posé le pied par terre. J'ai pris un temps pour observer mon environnement, un brin différent de l'endroit où je vivais auparavant. Tous les palais ne se ressemblent pas visiblement. Celui-ci était plus sommaire en termes d'ameublement, mais plus opulent dans les matières utilisées pour décorer ; de la soie, de la dorure essentiellement. Quand j'ai ouvert ma fenêtre, un grand champ de vigne s'étendait à perte de vue. Une vue agréable au demeurant.

C'est pieds nus que j'ai rejoint la cuisine où j'ai retrouvé mon hôte, Dionysos. Il portait les cheveux longs, mouillés, comme sorti de la douche; J'ai été surprise de le voir aux fourneaux. Un dieu qui cuisine, vraiment ? Il a senti ma présence et s'est retourné pour m'observer :

- Bonjour Ariane. Tu as bien dormi ?

J'ai hoché de la tête, intimidée. ce n'est pas tous les jours que l'on croise un dieu au réveil. Il dépose ses ustensiles et sourit :

- Je n'ai pas eu le plaisir d'entendre le son de ta voix depuis que nous nous sommes rencontrés à Naxos.

C'est exact. Déboussolée, fatiguée, affamée, j'étais complètement perdue lorsque Dionysos est venu à ma rencontre sur cette île. Au début, je pensais vivre un rêve, mais lorsque j'ai senti sa poigne sur mon bras, son souffle contre mon visage, j'ai su que je ne rêvais pas.

- Tu as faim ?

- Oui, réussis-je enfin articuler.

- C'est ce que je pensais. On avance, c'est bien. Tu peux t'attabler, je prépare ce qu'il faut.

J'ai suivi son conseil, tiré un tabouret et attablé au plan de travail. J'ai l'impression de vivre un rêve. Je me retrouve dans la cuisine de Dionysos, alors qu'il me prépare à manger. Il me traite vraiment comme une princesse, alors que lui est un dieu. Mon esprit divague et une question me brûle les lèvres :

- Que faisiez-vous à Naxos cette nuit-là ?

Il se retourne vers moi, le visage un peu plus grave que tout à l'heure.

- Tu n'es pas obligé de me vouvoyer tu sais.

Sa simplicité me décontenance. Je ne m'attendais pas à une telle proximité dans ses propos, sa manière d'agir. Pourtant, ma famille est aussi étroitement liée aux Dieux. Mon père, un des fils de Zeus, ma mère, la fille du Dieu Hélios. On les respecte, on les vénère. Dans la hiérarchie normée, il y a le commun des mortels, le peuple en bas de l'échelle, puis les nobles, les rois, et puis il y a eux, les Dieux. Tout ce qui relève du divin, revêt une aura particulière, mythique, et charismatique.

- Vous êtes un dieu si je ne m'abuse. Et je vous dois le respect.

- Tout comme ton père est le fils de Zeus.

- Mais il n'a pas sa résidence à l'Olympe. Il n'est pas un Dieu Olympien.

- Tu marques un point. Malgré tout, je ne tiens pas à ce que tu me vouvoies. Les Dieux sont des hommes comme les autres. Nous avons nos faiblesses comme nos défauts. Et pour répondre à ta question, je passais par là.

Je ne m'attendais pas à moins de sa part, qu'il conserve une part de mystère était logique. Les voies des dieux sont impénétrables.

- C'est un hasard donc ?

- Oui, un pur hasard, qui fait bien les choses, non ? Ne me dis pas que tu souhaiterais encore être sur cette île, esseulée ? D'ailleurs qu'y faisais-tu ?

God's crushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant