Ariane

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Dionysos était une fois de plus absent lorsque je me suis réveillée ce matin. Nous redormons ensemble après une pause de cinq jours. J'ai été blessée par sa réaction, ou du moins l'absence de compassion de sa part. je ne l'avais pas reconnu ou découvert sous un nouveau jour. Et cette facette de lui, si sombre, si chaotique et orgueilleuse, ne m'avait pas inspiré autre chose que de la crainte.

J'essayais en vain de relativiser. Je ne sors pas avec un prince ou un simple mortel. Chaque homme a sa part d'ombre. Thésée avait la sienne, je n'ai juste voulu la voir, le positionnant d'emblée sur un piédestal qu'il ne méritait pas. Il était beau, pavanait avec ses trophées et ses exploits héroïques, me jetant de la poudre aux yeux pour mieux m'endormir après. C'est moi qui suis tombée de haut, quand il m'a pris ma fierté au-delà de ma virginité.

Avec Dio, c'est différent. Il n'y a pas eu de coup de foudre, du moins pas de ma part. J'apprends à le connaître de jour en jour. Avec lui, pas de faux semblant. Les choses vont vite, le temps ne nous ait pas compté comme avec Thésée. Nous avons vécu sous le même toit dès les premières heures, passant h24 ensemble la première semaine. Difficile de dissimuler ses pires défauts. J'en sais maintenant beaucoup sur lui. Ce que j'aime, comme ce que je déteste, mais sur lesquels je suis prête à faire des compromis.

Pour un deuxième compagnon, Dio met la barre haute. Il multiplie les attentions à mon égard, comme lorsqu'il se met aux fourneaux. Il n'est pas avare en compliment et n'hésite pas à me mettre en valeur devant son entourage. A ses bras, j'ai l'impression d'être une déesse et de briller des mille feux.

Côté sexe, c'est fluctuant. Il peut se montrer tendre lorsque c'est moi qui prends la main, se calant sur mon propre tempo, acceptant les positions classiques que je lui impose. Comme il peut se montrer davantage brutal, lorsque ses désirs les plus âpres le submerge. C'est à la fois un concentré de volupté comme une décharge de bestialité. Et cela me va.

L'épisode de Penthée est isolé. D'autres dieux ont fait bien pire que lui. Il s'est juste mis à leur niveau, même si cela est dur d'accepter les côtés sombres de l'homme avec qui on partage sa vie, surtout lorsque ceux-ci sont évoqués sans le moindre fard dans son entourage. C'est une part du gâteau, qui fait partie d'un tout. Une contrepartie non négociable de notre bonheur.

Quelque part, je devrai m'estimer heureuse. Il me semble que la vie dissolue et de débauche qu'il menait avant notre rencontre est révolue. Il semble solitaire, à l'écart du faste et des mondanités, privilégiant les relations de qualité comme la compagnie de sa mère ou de Silène.

Je descends me préparer à manger lorsque j'entends trois coups résonner à l'entrée. Je hâte le pas, un peu inquiète, étant peu habituée aux visiteurs. Depuis que j'ai aménagé dans ce palais, je n'ai rencontré deux personnes, sans compter la visite éclair de l'ex de mon compagnon.

Une femme brune, élancée, d'un âge mûr, se tient devant moi. Mon cerveau cherche à établir rapidement des connexions, faire un lien pour ne pas paraître impolie. Il ne me souvient pas avoir croisé son visage lors de la réception donnée en notre honneur quelques jours plus tôt. Serait-ce la femme d'Arès qui était absent à ce dîner ? Comment s'appelle-t-elle d'ailleurs. Persée...Perséphone ? Est-ce elle ?

Je suis confuse, et ne sais pas trop quoi dire pour engagée la conversation. Heureusement, la femme se penche vers moi et m'enlace. Elle au moins sait qui je suis :

- Ariane, mon enfant, comment vas-tu ?

- Bien, bien merci, dis-je par politesse. Je suis confuse, Dio... Dionysos est absent. J'ignore où il est, ni quand il reviendra.

God's crushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant