God's crush

Ariane

Le temps s'écoule paisiblement au palais de Dionysos. Et chaque jour qui passe, me conforte dans ma décision. Je ne regrette pas de m'être confié à lui, de m'être abandonné à lui et d'avoir sauté le pas de l'intime. Il est encore plus prévenant qu'avant. C'est donc ça l'amour, une vraie relation, telle que je l'ai fantasmé adolescente.

Pour autant, quelque chose me trouble et j'hésite à lui en parler. Par peur de tout gâcher, de le rendre jaloux aussi. Ma peine s'est apaisée entièrement, mais mes angoisses, elles, demeurent.

Dionysos se rapproche de moi ce soir-là, l'air inquiet. Il m'enveloppe de ses bras puissants, et cela me réchauffe tout entier.

- Tu as l'air triste... Parle-moi Ariane. Tu sais que tu peux tout me dire, je peux tout entendre.

Sa remarque me fait frissonner. C'est incroyable le don qu'il a de pouvoir lire en moi. Je ne peux rien lui cacher, il m'observe, scrute la moindre de mes réactions. Je prends une profonde inspiration :

- Accorde-moi une faveur Dio

- Choisis, rien ne te sera refusé, je te jure sur ma mère

- Ma famille me manque Dio...

- Tu es sûre qu'il n'y a que ta famille qui te manque ?

- J'aimerai savoir ce qu'il est devenu aussi... pour tourner la page

Il. Je parle de lui sans le nommer, mais Dionysos n'est pas dupe. Nous pensons tous les deux à la même personne. Thésée. Mon premier amour. On n'oublie jamais son premier amour. Comme on ne peut pas refaire sa première fois. Dionysos serre les poings, signe évident qu'il est stressé. Ce qui est normal vu que Thésée est mon ex. Je ne nie pas les efforts qu'a fait Dionysos jusqu'alors et je tente de le rassurer par un regard, je tente d'établir un contact physique en posant ma main sur la sienne. Mon geste a le don de l'apaiser un instant, je sens ses épaules tomber, sa respiration est moins lourde.

- Tu as moyen de voir les mortels non ? Vous avez ce pouvoir, vous les Dieux Olympiens ?

- Je ne pense pas que ce soit une bonne chose. Mais si cela peut te rassurer, te faire avancer, alors je vais voir ce que je peux faire. Sache dans tous les cas, que je ne suis pas favorable à ta décision, mais je la respecte.

Dionysos s'est absenté une matinée entière. Je ne lui ai posé aucune question sur la manière dont il comptait procéder, seuls m'importaient les résultats. Avoir des nouvelles de ma famille.

Lorsqu'il a franchi la porte au terme de longues heures qui m'ont parue interminables, j'ai retenu mon souffle, ma poitrine s'est serrée. Il a pris le temps de se servir un verre, m'en a proposé un avec insistance, que j'ai refusé, et s'est assis à mes côtés. Je mesurais à son air sérieux l'effort colossal que cela lui demandait de me retranscrire l'évolution de mes proches, et en particulier un. Sa voix a surgi d'outre-tombe, grave, pondérée, dénuée de sentiments :

- Thésée a bien évolué.

Je traduis ses termes malgré moi. Cela veut dire qu'il m'a bien oublié. Dionysos poursuit.

- Il est devenu roi d'Athènes à la suite de son père. Il s'est lié à la reine des Amazones, puis à sa mort, il s'est unit à une princesse. Phèdre.

Je manque de m'étouffer.

- Phèdre ? Est-ce que tu parles de Phèdre, ma sœur ?

- Elle n'a eu aucun scrupule à se jeter sur ton ex visiblement, et lui cela ne l'a pas dérangé.