Dionysos

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Nous avons quitté les lieux parmi les premiers, remerciant Zeus et Héra (à contre cœur) pour avoir organisé cette réception en notre honneur.

Je me suis délesté de ma chemise, et je me suis servi un verre. J'étouffais. Ce repas était un vrai supplice, à l'image que ceux que j'infligeais aux mortels.

Ariane est arrivée derrière moi et m'a enlacé la taille. J'ai fermé les yeux. Putain, qu'est-ce que j'aime la chaleur de ses bras, sa tendresse. Je me suis retournée, saisi son visage dans ma main et déposé mes lèvres. Elles avaient un goût sucré. Elle a entrouvert les lèvres, j'y ai glissé ma langue. Je le tenais, ce baiser que j'attendais tant. Plus durait ce baiser, et plus je sentais le désir monter en moi, plus mon pantalon se retrouvait étriqué.

J'ai entrainé Ariane dans la chambre, où comme à son habitude, elle m'a suivi sans résister. Je comptais l'honorer toute la nuit. Mais sans m'en rendre compte, j'ai vrillé. Sans doute par le dernier verre de vin que je me suis servi. Ou la pression du dîner qui retombait.

Je n'avais plus la patience de la déshabiller cette fois-ci, pas le temps de la contempler nue comme j'aimais le faire. Je désirais si fort cette femme, que mes démons se sont réveillés. J'ai soulevé sa robe et je lui ai déchiré sa culotte, ce qui lui a arraché un gémissement. Puis je l'ai basculé sur le lit sans prendre de gant. A cet instant, je ne me contrôlais plus. J'ai défait ma braguette et me suis allongé sur elle. Mes coups de butoir étaient violents, mais je ne me rendais pas compte. Jusqu'à ce qu'elle tente de me repousser :

- Tu me fais mal Dio..

Je me suis redressé. J'étais allé trop loin. Je me suis assis sur le lit, sans la regarder, par la honte sans doute. Ariane s'est recouvert des draps et est revenu vers moi :

- Tu comptes agir de la sorte à chaque fois que tu verras ta famille ? Parle avec elle, avec Hera, et dis-lui tout le mal qu'elle t'a fait.

Je garde le silence. Le mal est plus profond, plus enfoui. Hera n'est que la partie émergée de l'iceberg. En me condamnant à l'exil, elle a malgré elle déclenché tous ses évènements. A moins que je n'en sois l'unique responsable. Partout où je passe, il n'y a que malheur et massacre.

Lorsque le corps de Penthée fut entièrement démembré, les Ménades, encore couvert de son sang, jouèrent avec les restes morbides comme des enfants avec un jouet. Sa propre mère, Agavé fixa la tête de son fils au bout de son thyrse, arborer son trophée, comme si elle venait de chasser un lion.

Cette vision hante mes nuits et mes jours depuis. Mais je ne peux l'avouer à personne. A aucun Dieu, on me prendrait pour un faible. Ou remettrait en cause ma légitimité divine. J'ai eu un mal fou à me faire accepter ici, dans ces lieux, dans ce monde. Je n'ai pas la force de recommencer, je n'aspire plus à me battre. Je ne peux pas non plus le confier à Ariane. J'ai cru déceler dans son regard une pointe de dégoût, un soupçon de peur. Et une part de moi, sombre, a aimé cela. Le respect passe par là, si je veux qu'elle me prenne au sérieux, si je veux me montrer à la hauteur des autres dieux.

En repensant à toute cette histoire, c'est mon égo qui a le plus morflé. Penthée m'a piqué dans mon orgueil, c'est certain. Mais il ne méritait pas ça. Suis-je si fou que cela ?

La voix d'Ariane résonne dans mon dos :

- Je dormirai sur le canapé ce soir.

Je m'y attendais un peu. J'ai ce que je méritais. La soirée a été éprouvante pour elle comme pour moi. Ma première nuit sans elle depuis que nous sommes en couple. C'est donc ça être la compagne d'un dieu. Bienvenue dans mon monde Ariane

God's crushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant