Ariane

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5ème jour

J'ai rejoint Thésée à la dernière minute, juste avant qu'il ne rentre dans le labyrinthe. J'ai juste eu le temps de lui remettre une arme, le glaive de mon père, un cadeau d'Héphaistos reçu pour son mariage avec ma mère, pour qu'il se défende, ainsi qu'une pelote de laine rouge, volée à ma nourrice.

- Une pelote ? me demande-t-il d'un air ahuri. Tu veux que je fasse quoi avec une pelote...

- Fais-moi confiance, j'ai obtenu cette information d'une personne qui s'y connait. Tout ce que tu as à faire c'est de la dérouler jusqu'au Minotaure et revenir sur tes pas avec. Je tiendrais le bout et je t'attendrais ici.

Son air perplexe me rend dingue. Je me penche vers lui et lui arrache un baiser. J'espère au fond que ce ne soit pas le dernier. Je veux en échanger encore des tonnes avec lui.

- Promets-moi que lorsque tout sera terminé, tu m'épouseras. Je rêve de devenir ta femme Thésée. Jure-moi que tu m'emmèneras loin d'ici.

En guise de réponse, Thésée m'embrasse à son tour, ce que je prends pour un oui, un serment inviolable.

Le convoi de Thésée s'engouffre dans le labyrinthe, alors que je patiente à l'extérieur. Ce sont les heures les plus longues de ma vie, bien après le dernier accouchement douloureux de ma mère.

Je m'assoupis à l'entrée du labyrinthe, bercée par mes rêves d'une vie meilleure avec lui.

Ce sont les sirènes de la garde qui m'ont réveillées. L'instant d'après, j'ai aperçu Thésée courant dans ma direction. Ses vêtements étaient tâchés de sang. J'en ai déduit qu'il avait réussi, que ce sang était celui de mon demi-frère. Mais tout ce qui m'importait, c'était ma liberté.

Nous nous sommes enfuis dans les champs où le bateau de Thésée nous attendait. Je n'ai pas jeté un seul regard en arrière, pour mes frères, mes sœurs, ma mère, mon père. Je tournais la page de la manière la plus atroce qui soit.

Et j'en ai été punie. Thésée et moi avons fait une escale à Naxos. Officiellement pour récupérer des vivres. Je n'en revenais pas que tout était fini. Que nous avions réussi et que je n'étais plus une princesse. J'étais devenue une fugitive, une paria, une apatride. Mais en couple. A deux on est plus fort, on peut tout endurer. Au cours de la fête qui a suivi, en petit comité, mon esprit était ailleurs ; Je savourais le succès de Thésée, qui apparaissait comme un héros aux yeux de son peuple, qui l'avait libéré du joug du Minotaure. Il avait frôlé la mort. J'en avais une grande part, mais jamais au cours de la conversation, mon mérite n'avais été soulevé. Pas plus que le sacrifice que je venais de faire. Un héros était né, une légende crée, et une traitresse s'effondrait en silence.

- Repose-toi, me dit Thésée en m'embrassant. Nous partirons demain. L'équipage et moi sommes épuisés.

J'ai acquiescé, car j'étais aussi fatiguée que lui. Couper le cordon est épuisant. Son baiser était différent, moins passionné, mais je l'ai mis sur le compte de la fatigue. Rien ne me semblait anormal dans son comportement.

Lorsque je me suis réveillé le lendemain, j'étais seule sur ma couche. Thésée avait disparu, et avec lui, le navire qui devait nous emmener en Crète.

J'ai hurlé son nom pendant une heure, j'ai marché pendant deux. J'étais fatiguée, sans ressources, je n'avais plus de larmes pour pleurer. Je ne comprenais pas ce qui se passait.

Et puis, j'ai aperçu cette colline, le point culminant de l'île. J'ai grimpé avec les dernières forces qu'il me restait, et j'ai aperçu le navire au loin s'éloigner. Avais-je été oubliée ? Ou quittée, délaissée par un amant d'une nuit, celui d'une épopée ? je n'avais aucune réponse, et les questions s'enchainaient avec une violence assourdissante dans ma tête. En l'espace d'une journée, j'avais absolument tout perdu, y compris ce que je croyais posséder. Le plus dur, c'est de voir ses espoirs et ses rêves s'envoler. Il ne me restait plus qu'une seule solution.

Au moment où j'ai pris ladécision d'en finir, de me jeter du haut de cette falaise, je t'ai aperçu. Toi.La façon dont tu es apparu, comme un songe, une épiphanie... Je me rappelle quetu m'as dit ton nom. Mais pas plus d'échanges ; C'en était trop. Je mesuis évanouie. Je ne me souviens pas de grand-chose, si ce n'est de m'êtreretrouvée dans ton palais.

God's crushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant