Dionysos

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Je redoutais ce moment où je doive présenter officiellement Ariane aux divinités olympiennes. A partir du moment où elle franchira ces portes, sa vie, notre vie, n'aura plus de secret pour eux. Nos destins sont liés, tout comme nos mauvaises actions sont décryptées, nos prestiges jalousés. C'est un microcosme à part, une micro société toxique. J'en fais parti à contre cœur. De tous les dieux, je suis le seul à avoir une mère mortelle, celui qui a eu le plus longtemps une expérience terrestre, j'ai vécu beaucoup au milieu d'eux. Et en toute honnêteté, je vois la différence.

L'Olympe constitue un groupe très sélectif, dont je maitrise peu ou pas les codes. Nous résidons pour la plupart autour du roi des dieux, Zeus. On y retrouve les plus anciens, ceux de sa génération ou celle, plus jeune ,de ses enfants. Nous avons chacun une particularité pour laquelle on nous vénère, et dans laquelle nous exerçons notre puissance

Je serre fort la main d'Ariane au moment où nous franchissons la salle de réception de l'Olympe. Tout le gratin de l'Olympe s'y trouve déjà et se retourne lorsque nous faisons irruption. Je salue un à un tous les convives, Appolon et sa sœur Artémis, Arès, Aphrodite et Héphaistos, Hestia, Athéna, Hermès, Déméter, Poséidon. Puis le meilleur pour la fin : Zeus mon père, et sa femme Héra que je maudis chaque jour en me levant.

L'hypocrisie et la jalousie sont avant tout des défauts divins. Nous les maîtrisons à la perfection.

L'ordre du jour est différent aujourd'hui : sous couvert d'organiser un fastueux banquet comme d'ordinaire et de discuter des derniers sacrifices et faveurs accordés aux humains, il serait question d'Ariane et du couple que nous formions. Hadès a eu droit aux mêmes honneurs. D'ailleurs, il est absent ce soir.

Tout le monde n'avait d'yeux que pour Ariane au repas de famille. Je me suis revu il n'y a pas si longtemps, à la même place qu'ariane, un étranger dans ma propre famille. La seule chance qui la différencie c'est qu'elle ne subira jamais les affres d'Héra.

Je n'arrivais pas à me détendre malgré l'hydromel que je m'enfilais. Je ne pouvais pas interdire à Ariane, très sociable de parler à tel ou te dieu. Elle était libre et je la désirais ainsi. Pourtant, ma mâchoire se serrait lorsqu'elle approchait Aphrodite ou Poséidon. J'aurai préféré qu'elle fasse la conversation avec Athéna ou Artémis, connues pour leur pureté et leur sagesse. Je ne voulais au fond qu'elle ne parle avec aucun dieu masculin. Ariane était ma propriété.

Je ne suis pas jaloux, je n'ai aucune raison d'être jaloux. Ce que je ressens plutôt c'est de la colère, provoquée par sa présence à elle. Héra. Nous nous lancions des regards en coin, comme des chiens de faïence. Zeus, dont rien n'échappe ni dans ces lieux divins, ni dans celui des mortels, se rapproche lentement de moi et place son bras sur mon épaule. Je sursaute, surpris par sa présence :

- Tout va bien fils ?

Il y fut une époque où j'aurai tout donné pour entendre cette appellation dans sa bouche. Sûrement dû au fait que je me faisais appeler le bâtard de Zeus. Sans doute que ça laisse des marques.

- Oui, tout va bien, répondis-je laconiquement.

- Si c'est Héra qui te rend mal à l'aise, il n'y a aucune raison. De l'eau a coulé sous les ponts. Lâche l'affaire...

Plus facile à dire qu'à faire. Il n'est pas concerné, c'est même lui qui a provoqué tout ça en allant fricoter ailleurs. Si mon père ne m'a extrait du ventre de ma mère lorsqu'elle a pris feu, me sauvant la vie par la même occasion, je lui en voudrai autant.

- J'aimerai beaucoup que vous fassiez la paix...

Je n'écoute même pas ce qu'il a à dire. Personne dans ce salon, ne peux se targuer d'avoir une enfance aussi merdique que moi. Elle m'a rendu quand même folle putain !

Si je n'avais pas reçu de l'amour de ma tante ou des Ménades, j'en serai devenu misogyne.

Je me rapproche d'Arès, dieu de la guerre, compter ses exploits. Avec lui, nous ne partageons pas grand-chose si ce n'est d'avoir succombé aux charmes de la même femme. Ses manières rustres m'effraient, même en tant qu'homme. Ah, aussi le fait qu'il soit peu apprécié. Pas pour les mêmes raisons, mais il est important de souligner, que sa propre mère Héra, le déteste. Je jubile d'être en sa compagnie, tout ce qui peut faire chier cette vieille bique me ravit.

Alors que je tente d'intégrerla conversation qui tourne autour de la guerre de Troie, je jette un coup d'œilrapide et discret à Ariane qui s'est fondu dans le groupe restreint des déessesolympiennes. Elle n'a rien à leur envier, il me tarde de faire d'elle unedéesse à part entière 

God's crushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant