God's crush

Ariane

Je me suis réveillée entièrement nue, mais une fois de plus, sans Dionysos à mes côtés. Je me suis enveloppée dans les draps et je me suis approchée de la fenêtre dans l'espoir de l'apercevoir. Mais il n'était pas dans les vignes.

Je me suis engagée alors dans l'escalier, percevant des voix. Une fois n'est pas coutume, il y avait du monde. J'ai surpris Dionysos en pleine conversation, et en charmante compagnie. ET quelle compagnie ! Une femme belle, sculpturale, resplendissante. Mon cœur s'est légèrement crispé. Je me suis adossée légèrement au mur de manière à entendre leur conversation sans me faire prendre.

- Je voulais juste voire comment se passait votre colocation, dit la jeune femme visiblement entreprenante avec Dionysos. Nous sommes nombreux à nous poser des questions.

- J'ignorais que mes histoires de coeur intéressaient tant de monde. Mais je suis un grand garçon, je saurais me débrouiller avec une simple mortelle.

- Justement, ce n'est qu'une mortelle, tu mérites tellement mieux Dio.

Un surnom maintenant, voilà qui est intéressant. Il a déjà oublié mes origines divines ?

Dionysos fait les cent pas dans le salon, il a l'air soucieux.

- Tu n'étais pas obligée de déplacer pour cela. Je tiens à rester seul avec elle, le temps de gagner sa confiance.

- Tu as peur de me la présenter ? Qu'elle me rencontre ?

- Un peu oui, réponds Dionysos cynique. Ta réputation te précède Aphrodite, même si je trouve que tu ne lui arrives pas à la cheville.

- Je suis sûre qu'elle ne te fera jamais l'amour comme je te l'ai fait, clame Aphrodite en lui effleurant le visage

Je serre les dents. Je ne sais pas ce qui m'irrite le plus : le fait qu'il le touche et qu'il se laisse faire, ou le fait qu'ils aient eu une relation. Je me doutais que Dionysos ait eu des expériences avant moi. C'est un Dieu. Mais entre dieux, et qui plus est avec Aphrodite, cela me froisse.

Aphrodite poursuit son jeu de la séduction et fait le tour de Dionysos tout en lui lançant des œillades.

- J'imagine que tu ne lui as pas encore révélé le rôle que j'ai joué ?

La réflexion de la femme m'a surprise. C'en est plus que je peux supporter. Sans m'en rendre compte, j'ai lâché un hoquet de surprise et d'étonnement, révélant ainsi ma présence. Dionysos s'est retourné et son visage s'est fermé.

- Que fais-tu là ? Je croyais que tu dormais ?

- Vous parliez de moi ? Que signifient ces propos ? Tu es responsable, tu as quelque chose à voir avec ma rupture ?

Dionysos fait abstraction de mes remarques, qu'il ne relève pas.

- Je manque à toutes mes obligations je n'ai pas fait les présentations. Voici Aphrodite.

Fidèle à la légende. Mais sur le coup, cela m'importait peu. Enfin pas vraiment. Aphrodite est la déesse de la beauté, et de l'amour. A-t-elle joué les intermédiaires entre Dionysos et moi ? M'a-t-elle envouté ? Ou bien Thésée ? Cela pourrait expliquer pourquoi Thésée est parti d'un coup. Aphrodite souris et sans un mot ni un regard pour moi, s'éclipse.

Je me jette sur Dionysos et il arrête ma main in extremis à hauteur de sa joue en maintenant fermement mon poignet. Son regard se fait plus dur, sa voix plus grave. Pour un peu, j'aurai pris peur :

- J'en ai tué des mortels pour moins que ça. Ne t'avise pas de me frapper Ariane. Jamais.

Je ne crains pas ses menaces, parce que je commence à le connaître. Dionysos ne me fera pas de mal. J'en suis persuadée.

- Quel rôle a joué exactement Aphrodite dans notre rencontre ? Est-elle responsable du départ de Thésée ?

Dionysos desserre son étreinte de mon poignet qui commence à être endolori. La tension redescend d'un cran et il me parle de nouveau avec douceur :

- Aphrodite n'y est pour rien. Moi non plus. Je suis désolé pour toi si tu es sorti avec un connard.

A d'autres...

- Ne me mens pas Dionysos.

- Je suis désolé que tu ai surpris notre conversation. Que tu l'apprennes comme cela. J'ai demandé effectivement un service à Aphrodite, je voulais qu'elle éloigne Thésée de toi, de ton cœur mais... elle n'en a pas eu besoin. Thésée s'est éloigné de lui-même. Il s'est servi de toi Ariane. Il t'a utilisé pour devenir un héros et tuer le Minotaure.

- Je ne te crois pas...

- Tu n'étais qu'un pion dans sa stratégie. Tout comme Dédale était le tien.

- Et toi ? A quel point étais-tu sincère ?

- Je l'ai toujours été. Je te désire toujours autant, et mes sentiments envers toi sont profonds.

Je croisais mes bras sur ma poitrine, lui signifiant mon mécontentement. Cela faisait trois jours que je me confiais à lui, matin et soir sans relâche, et jamais, au détour de la conversation, il n'avait mentionné le fait qu'Aphrodite puisse intervenir dans notre histoire.

- Laisse-moi te le prouver... me dit-il d'une voix rauque. Laisse-moi te montrer à quel point je tiens à toi.

Sa voix comme son regard ténébreux m'envoutent, et je lâche prise à mesure qu'il se rapproche de moi. Lorsqu'il n'est qu'à quelques centimètres de moi, il pose ses mains sur ma taille, me permettant de sauter et d'enlacer la sienne de mes jambes.

Dionysos sourit, dépose un baiser fougueux sur ma bouche et m'entraîne dans sa chambre.