God's crush

Ariane

2ème jour

J'ai rejoins Dionysos au milieu de ses vignes le lendemain. Le soleil était déjà haut dans le ciel, ce qui signifiait que je m'étais réveillée au beau milieu de la journée. Dionysos avait gardé attaché ses cheveux avec un filet, il était là, assis, contemplatif, devant cette végétation luxuriante. Lorsqu'il m'entendit approcher, il se retourne pour me sourire :

- Bien dormi Ariane ?

- Comme toujours, merci. Où étais-tu passé hier soir ?

Ma question est brute de décoffrage, j'en ai conscience, ce n'est pas mon caractère d'être aussi directe. Je pense être plus diplomate, j'ai su me montrer plus subtile par le passé. Mais je suis une femme différente aujourd'hui.

Je ne suis pas en position de demander des comptes à Dionysos Je suis son invitée, il est mon hôte, c'est un dieu et nous ne sommes pas en couple. Trois bonnes raisons de me taire. Pour autant, je me suis sentie abandonnée. J'ai eu un instant de panique lorsque je me suis réveillée et que j'ai constatée que j'étais seule dans ce palais. Depuis que Thésée est parti au beau milieu de la nuit et m'a laissée seule sur cette île, je crois avoir développé un syndrome d'abandon.

- Une affaire de famille à régler, répond-t-il sans s'attarder davantage, de façon énigmatique. Comment te sens-tu aujourd'hui ?

- Mieux, j'imagine.

Je n'ai presque pas pleuré. Et la présence de Thésée se fait moins sentir. Mais des questions et des doutes me tiraillent toujours concernant les raisons impromptues de son départ. Dionysos se décale sur le côté et tape sa main sur le sol, m'invitant à le rejoindre. J'hésite quelques secondes et m'installe à côté de lui. A peine assise, je le mitraille de questions toutes aussi directes les unes que les autres.

- Que signifie tout ça ? Ton hospitalité ? Tu attends quoi de moi ? J'imagine que tu n'invites pas tous les jours des femmes dans ton palais...

Il se tourne vers moi et son air se fait plus dur. Je l'ai piqué au vif.

- Tu n'es pas aussi naïve que tu veux bien le faire croire. Tu sais pourquoi je t'ai ramené ici. Tu peux rester aussi longtemps que tu le souhaites. Si tu désires quitter ces lieux, fais le moi savoir. La porte est ouverte, et je te raccompagnerai aussi vite que je t'ai amené ici.

Je ravale ma salive, en même temps que ma fierté. Dionysos est carré, droit dans ses bottes. Je lui fais confiance, et je n'ai pas à réfléchir longtemps pour comprendre que je n'ai pas intérêt à partir d'ici. J'ai perdu un palais pour en gagner un autre. Dionysos me traite mieux que mes propres parents, mieux que tous les valets employés à leur solde. Et pour le moment, mieux que Thésée lui-même.

- Tu cherches une épouse ?

Son sourire se fait tendre et dur à la fois.

- j'ai trouvé mon épouse, mais elle ne le sait pas encore. Je sens, je sais que tu n'es pas prête et...

- Et si je ne suis jamais prête ? Si je ne tombe pas amoureuse de toi, jamais...

Je pense à voix haute. Tout est bien trop beau. J'ai eu un coup de foudre pour Thésée mais personne ne commande l'amour. Ça ne se décrète pas, ça ne s'achète pas.

- C'est un risque à prendre. Nous n'avons rien à perdre ici. Tu sais ce que je ressens pour toi, je suis prêt à tout t'offrir. je mets tout à ta disposition. Tout dépend de toi.

La pression s'installe entre nous et plombe l'ambiance. Dionysos a ouvert son cœur.. et c'était brutal. Il a abattu toutes ses cartes devant moi et je me retrouve décontenancée. Maintenant je sais ce qui l'a conduit à me repêcher sur cette île comme un poisson hors de l'eau.