God's crush

Dionysos

Contre toute attente, l'Olympe ne m'a jamais paru aussi hostile et étroit, que depuis que j'y partageais ma vie avec Ariane. Il n'y a pas un jour où je n'étouffe pas, où je n'ai pas la sensation de suffoquer. En ramenant ma belle ici, c'est comme braquer un objectif puissant en permanence sur nos vies, notre intimité, c'est me livrer en pâture à des prédateurs cruels qui attendent le moindre faux pas pour nous dévorer. Je dois me protéger elle et moi, je me dois de nous mettre à l'abri. Avant que cela n'impacte ma relation avec Ariane.

J'ai prévu un dîner aux chandelles en tête à tête avec elle pour évoquer le sujet : mon mal-être, l'avenir de notre couple. Je suis angoissé.

Ariane a revêtu pour l'occasion une belle robe en soie bleue, cette matière dont je raffole et qui m'excite, cette couleur qui ravive ses yeux et donne un éclat profond au blond soyeux de sa chevelure. Je prends un soupir lent mais intense, lorsqu'elle fait son apparition dans le salon.

- Tu es magnifique ce soir, lui dis-je en l'embrassant.

- Tu n'es pas mal non plus, me répond-t-elle en me souriant.

Il faut que je reste concentré si je veux avoir une vraie conversation avec elle. Déjà des pensées coquines commencent à frapper à la porte de mon cerveau. Soit je sers bien vite l'entrée que j'ai préparée, soit je les laisse défoncer la porte à coup de massue.

Dans un effort humain, j'invite Ariane à s'attabler, en évitant soigneusement de serrer sa taille fine et délicate dont je raffole chaque courbe.

- Tu t'es surpassé ce soir ? Dis-moi on fête quoi ?

Je m'installe à mon tour à la table en prenant mon temps pour lui délivrer une réponse satisfaisante ;

- Ce soir, j'aimerai qu'on discute, dis-je en me raclant la gorge.

- Je croyais que tu voulais qu'on fête notre anniversaire de rencontre.

Anniversaire ? De quoi parle-t-elle ?

- Cela fait sept mois que nous sortons ensemble, le temps passe une vitesse. C'est une première pour nous, une relation si longue.

Elle n'a pas tort. J'ai l'impression de courir un marathon sans fin depuis sept mois. Cette relation est avant tout physique, tellement je m'investis à satisfaire les envies sexuelles d'Ariane qui grandissent de jour en jour. Ce qui est loin de me déplaire. Je suis aussi épuisé émotionnellement, je dois gérer des sentiments qui m'étaient jusqu'alors inconnus, que je m'interdisais d'éprouver. Et que je suis loin de maîtriser. Elle n'imagine pas à quel point je suis fatigué. Mais malgré tout heureux.

- Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée, Ariane, sois en sûre.

Elle sourit et pique une première fourchette dans le plat. Je me rappelle encore la première fois que je l'ai vu dévorer ce que je lui avais préparée, assise dans la cuisine, osant à peine croiser mon regard. Et aujourd'hui, elle me dévore de ses yeux couleur ciel.

- J'aimerai qu'on parle Ariane...

Le son de ses couverts sur la table me fait sursauter. J'ai capté son attention.

- J'aimerai qu'on parle aussi... de quelque chose.

Son regard se fait plus dur, son sourire s'efface. Il y a quelque chose que j'ai raté ? D'un geste de la main, je l'invite à commencer la première.

- Je suis enceinte Dio.

Je la regarde sans comprendre ce qu'elle vient de dire, comme si le son s'était coupé. Je ne distingue que les expressions de son visage qui visiblement attendent que je réagisse. Mais je suis tétanisé.

- Tu as entendu ce que je viens de dire ?

Oui. Enfin je crois... Et moi qui commençait à me sentir à l'étroit ici... Je déglutis...Il faut que je passe à l'action, cela fait quelques minutes que je suis figé alors qu'Ariane en face de moi perd patience.

Je me lève soudain et fais le tour de la table, allant à sa rencontre.

- Tu es enceinte ? répétais-je à son intention en lui caressant le ventre.

- Oui, tu vas être père.

Je réprime une larme. Je ne pensais pas la mettre enceinte aussi rapidement, mais... rien n'arrive par hasard.

- Tu es heureux ? me demande-t-elle

- Oui, plus que tu ne crois.

- Et toi, qu'est-ce que tu voulais me dire ?

Il faut que je botte en touche. Inutile de l'angoisser avec mes propres problèmes, nous avons d'autres priorités à présent.

- Rien d'important... Je... Je pense que des vacances nous feraient le plus grand bien.

J'ai besoin de digérer la nouvelle en toute intimité. C'est une bonne raison de prendre de la distance et faire nos valises.