Partie III. La vie n'est plus un jeu.

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Amoureuse de moi, la blague, elle joue encore la comédie.

Je plante mon regard dans le sien. Son regard est submergé par les larmes. Elle reprend :

« - Je ne peux pas croire que tu t'es tapé mon frère !

- Tu as eu la preuve en image. Pourquoi as-tu accepté ce contrat avec ton frère ?

- J'avais besoin d'argent.

- Tes efforts n'ont servi à rien, Anna. Dans tous les cas, l'argent ne te viendra pas aux mains. Tu as eu deux mois, pour me convaincre, tu n'as pas su le faire.

- Tu vas me tuer ?

Je me place devant elle, avec mon fameux poignard.

- Évidemment. »

La peur ne vient pas à ses yeux, son regard sans émotions, sans expressions, se plonge dans le mien, elle arque un sourcil et me coupe :

« - Que tu le veuilles ou non, toi comme moi, savons que tu n'en es impunément pas capable. »

Je ne réfléchis pas, le poignard dans mes mains, découvre lentement son torse, puisqu'il vient se fendre dans son cœur. Je savais que j'en étais incapable, et je n'ai pas réfléchi. Dès que le poignard a touché sa peau, le regret m'a envahi, mais avec la vitesse du coup, je n'ai pu le retirer. Son regard mort, me pétrifie. Sa mort ne m'a procuré aucun plaisir.

Les larmes me viennent sans que je ne puisse l'en empêcher, elles perlent contre mes joues, pendant que ma respiration se coupe. Je tourne la tête et découvre Victor, pétrifié par la peur, des gouttes de transpiration parcourent son corps, ses yeux remplis de terreur, découvre sa sœur, assise, sans vie. Je récupère mes affaires, et pars en courant, laissant les frères et sœurs, seuls, enfermés. Je prends soin d'activer le processus d'anti-évasion, c'est hors de question qu'ils sortent de là.

Je rentre chez moi, effondrée. Je pars prendre une douche, essayant de tenir debout. Les larmes se mélangent aux gouttes d'eau, qui parcourent mon corps sous la douche, comme ses mains qu'elle posais sur celui-ci. Je m'écroule, le dos contre la baie vitrée, l'eau brûlante parcours l'ensemble de ma peau, la douleur physique apaise la morale.

Je regretterais chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde, l'acte inhumain que j'ai commis. C'est la première fois de ma vie, que je me rends compte de l'impact que cela peut créer aux proches de mes victimes.

Sa seule famille, c'était Victor et moi, et elle était ma seule famille, mon seul réconfort, la raison de mon sourire.

Son corps sans vie me hantera toujours, sa joie émerveillante, son attention, sa vie, elle-même, me manquera.

Je me jette dans mon lit, notre lit, son odeur m'empoisonne les narines. Les larmes coulent de plus belles, ma tête se plonge dans un des oreillers, un cri s'échappe malgré moi, un cri de douleur, de tristesse, de colère, en colère contre moi.

Comment ai-je pu tuer la femme que j'aime, la femme qui faisait partie de ma vie, nuit et jour, la femme parfaite, certes qui a fait des erreurs, mais parfaitement parfaite, tout de même, la femme qui me regardait bien que je n'étais qu'un monstre ?

Je me réveille, tous les crimes que j'ai commis, auxquels on a jamais retrouvé les corps, et leur coupable. La personne qui a détruit le moral de nombreux innocents, n'est rien d'autre que moi. La personne qui a tué, sans pitié. La personne, où devrais-je dire le monstre que je suis devenu ?

Je m'assieds dans mon fauteuil, près de la fenêtre, qui donne vue sur les montagnes. Ma vue se brouille, en quelques secondes.

J'ai tué la femme de ma vie, ma coéquipière, celle qui me tenait debout chaque jour. Un cri de douleur s'empare de ma gorge et ressort de mes lèvres asséchées. Je peine à respirer, alors je sors un mouchoir de son emballage, qui était posé sur la table basse, et me mouche.

Un marteau s'empare de ma poitrine, la douleur de sa présence devient physique.
Mes organes se compressent entre mes os, un mal de crâne est omniprésent dans mon corps, affamé.

Trois jours, ça fait trois jours que je suis enroulée dans un plaid, sur mon fauteuil, face à ma fenêtre. La faim a disparu, je ne connais plus cette sensation, et lorsque que j'essaye, la régurgitation est obligatoire.

Chaque heure, chaque minute, chaque seconde, me font trembler.

J'attends patiemment son retour, son visage s'illuminer par sa beauté, son sourire magnifique, son corps parfait passer la porte. C'est à ce moment-là que je me rappelle de son corps sans vie, le regard vide, que j'ai toujours aimé contempler.

Les jours passent, sa mort à prise, possession de mon corps. Elle n'a pas seulement emporté mon amour avec elle, elle a tout prit.

Mon regard se cloue dans le miroir, lorsque j'aperçois un squelette face au miroir. Je suis faible, et bien que je porte des vêtements larges, on peut absolument voir mon état, on dirait un cadavre.

Je repars dans mon salon, et face à mon fauteuil, je m'écroule, j'entends mes os craquer et s'effondrer contre le sol. La douleur de cette chute, me fait revenir les larmes. J'essaye de me relever, mais désormais, c'est impossible.

Mon corps a épuisé ses réserves, mon corps s'est mangé lui-même.

Je ferme lentement les yeux, pendant que je sens mon cœur battre, de plus en plus lentement, le dernier souffle sort de ma bouche.

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Anna, on va se revoir bientôt, je t'aime.

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Fin

La vie est un jeu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant