Mardi 21 septembre 14h06— Le revenu brut est de 64478 pas 70863 ! On va jamais avoir la moyenne, s'exclama Jade en s'affalant sur la table de la bibliothèque.
— J'en ai marre, je ne comprends rien, on est foutu, soufflais-je désespérée de notre situation.
Nous révisions depuis maintenant 2 h en vue des examens qui approchaient à grands pas, seulement aucune de nous deux n'était réellement assidue aux CM et durant les TD, nous préférions organiser des goûters clandestins ainsi que des séances ragots.
Au milieu de cette bibliothèque universitaire débordant d'étudiants tous autant désespérés les uns que les autres, flottait une odeur de transpiration et de dur labeur. C'en était trop pour nous, l'accumulation du bruit et l'odeur des étudiants nous poussa à fuir, nous décidâmes de quitter les lieux et de prendre une pause dans la cour principale.
La cour de l'université était un lieu animé, avec des bancs, des arbres pour l'ombre, et une fontaine au centre. Les étudiants s'y retrouvaient pour discuter, étudier ou simplement se détendre entre les cours.
Adossée sur la rambarde qui bordait les bâtiments, Jade sort une cigarette et la porte à sa bouche, puis expire la fumée droit devant elle. Une habitude qu'elle avait à chaque pause que nous avions, encore une chose qui séparait nos deux mondes. Nous nous sommes très vite rapprochées au cours des dernières semaines, et nous passions la quasi-totalité de notre temps ensemble au sein de l'université, et cela, malgré nos différences.
Elle évoquait ses prochaines vacances dans le sud de l'Italie ainsi que ses projets d'achats futurs, comprenant des pulls à 500 € et des chaussures à des prix exorbitants.
Je l'écoutais sans vraiment lui prêter attention, car ce qu'elle considère primordial n'est à mes yeux que des futilités, mais je ne me berce pas d'illusion, je suis consciente qu'elle n'a jamais manqué de rien dans sa vie et qu'elle ne comprendrait pas que ce sont des « problèmes » de riche. Je ne lui en tiens pas rigueur et je ne le ferai jamais, car elle avait grandi et baigné dans cette mentalité, ce n'était pas un choix.
— Bon, je vais y aller, annonçais-je, exaspérée par son manque de lucidité.
Elle me salua à son tour et je pris la route vers la sortie de l'université. Une atmosphère mélancolique régnait dans l'air, le vent déjà frais pour la saison faisait valser les feuilles oranges et brunes de ce mois de septembre. Le ciel était couvert de nuages denses et lourds et les maigres rayons de soleil peinaient à percer cette épaisse couverture nuageuse en cette fin d'après-midi.
Après une quinzaine de minutes de marche, je gagne mon domicile, j'enfonce les clés dans la serrure priant pour que la maison soit vide, mais c'était raté après une légère impulsion, la porte s'ouvrit d'elle-même sans que je n'aie à tourner les clés. Une fois à l'intérieur, je me rendis directement dans ma chambre afin d'éviter tous les conflits inutiles qui porteraient sur ma façon de m'habiller ou l'heure à laquelle je rentre.
Je pris une douche et mis mon pyjama, puis, comme les jeunes de mon âge, je me mis à pianoter sur mon téléphone. Pendant un court instant, j'essayai de leur ressembler en ayant un semblant de vie normale. Pas de chance pour moi, je suis vite rappelé à l'ordre.
— Ezia, vient manger tout de suite ! S'égosilla ma mère.
L'heure du repas, autrement dit le moment que je redoute le plus chaque jour, moment qui, pour d'autres, est censé être convivial, moment de partage entre les membres d'une même famille.
En ce qui me concerne, ce n'est pas le cas, la salle à manger est une arène de combat dont ma mère détient toutes les armes afin de m'attaquer sur ce que je décide d'ingurgiter ou pas.
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Haunted
RomanceEzia est une jeune femme marquée par une enfance tumultueuse et des relations compliquées. Élevée dans un foyer où la violence des parents était monnaie courante, elle a grandi en apprenant à se battre pour sa survie émotionnelle et physique. Les c...