Chapitre 20

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Mercredi 26 mars 06h34

— Passe-moi les briques de jus, me demanda Rayem en s'avançant vers les sièges avant des passagers.

— Pousse-toi, imbécile ! Tu m'écrases, en plus t'as toute la place de ton côté, grommela Layan.

Après tout ce qui s'était passé avec Haïder, les filles avaient décidé d'organiser une escapade à la plage pour me changer les idées, bien que la saison ne s'y prêtait pas. J'étais ravie de cette excursion. Nous avions profité de la semaine de vacances universitaires que nous avions toutes en commun pour partir. Layan et Kassie avaient prétexté qu'il s'agissait d'un voyage scolaire obligatoire qui leur permettait de valider leur semestre, c'était évidemment totalement faux. Mais c'était le seul moyen que leurs paternels acceptaient.

Je n'avais plus entendu parler de lui depuis et c'était mieux, du moins pour l'instant. J'avais essayé de contacter Delara, mais mes appels et mes messages sont restés sans réponse.

Nous avions 5 heures de route pour atteindre Woolacombe Beach, en compagnie de cette belle brochette. Kassie s'était portée volontaire pour prendre le volant, elle alternera avec Rayem, tandis que Layan et moi n'avions toujours pas notre permis.

Tout au long du trajet, nous nous cassions la voix sur des chansons d'Adèle, particulièrement moi et Rayem :

"But I set fire to the rain

Watched it pour as I touched your face

Let it burn while I cried,

Cause I heard it screaming out your name, your name."

Nous poussions nos voix jusqu'à leurs limites, chantant avec une passion débridée quand tout à coup :

— Euh... je dois vraiment faire pipi.

Kassie, qui conduisait, poussa un soupir exaspéré, ses mains se crispant légèrement sur le volant.

— Sérieusement, Layan ? On vient de partir !, dit-elle en riant.

— Désolée, répondit Layan en se tortillant sur son siège à l'arrière. Je ne peux pas attendre plus longtemps.

Je me tourne vers Kassie, essayant de cacher mon amusement :

— Allez, on peut s'arrêter. De toute façon, une petite pause ne nous fera pas de mal.

Rayem, assise à côté de Layan, roula des yeux et plaisanta :

— Si on continue comme ça, on n'arrivera jamais à la mer.

Nous repérâmes rapidement un panneau indiquant une aire de repos à un kilomètre. Kassie mit son clignotant et quitta l'autoroute, suivant la rampe d'accès jusqu'au petit parking. En se garant, elle ajouta en souriant :

— Bon, vite fait, Layan. On a un week-end à commencer !

Nous sortîmes toutes de la voiture. Layan se précipita vers les toilettes, Rayem la suivant de près. Je m'étirai longuement, profitant de l'air frais. Kassie, quant à elle, s'adossa à la voiture, les bras croisés, un sourire amusé sur les lèvres.

— Tu crois qu'on va devoir s'arrêter toutes les heures ?, lui demandai-je en riant.

— Espérons que non, sinon ce sera un très long trajet, répondit-elle en secouant la tête.

Quelques minutes plus tard, Layan et Rayem revinrent, l'air soulagé.

— Merci, dit Layan, un peu gênée, mais toujours souriante.

— Bon, puisque nous sommes arrêtées, autant en profiter, proposa Rayem en s'asseyant sur un banc de pique-nique proche.

Nous nous rassemblâmes autour du banc, sortant des snacks et de l'eau du coffre. Kassie ouvrit un paquet de chips et nous le fit passer.

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