Chapitre 5

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Lundi 11 octobre 17h40

Les bibliothèques universitaires, ces temples du savoir où règne un silence sacré, brisé uniquement par le chuchotement des pages tournées et le doux grincement des chaises. C'est là que je me trouvais, plongée dans mes recherches pour mon projet de fin d'année en économie contemporaine.

J'avais passé des heures à fouiller dans les rayons, mes lunettes perchées sur le bout de mon nez, les cheveux tirés en un chignon serré pour garder mon sérieux d'étudiante modèle, ou plutôt frimer.

Mes yeux parcouraient les titres des livres, cherchant désespérément la référence parfaite pour étayer mon argumentation sur le symbolisme dans de l'économie moderne.

À travers les parois vitrées, je remarque un groupe d'étudiants de médecine plongés dans leur travail. Évidemment, comme le destin ne fait pas les choses au hasard, il était là.

Mon regard s'est attardé sur Haïder, qui semblait diriger le groupe avec une assurance naturelle. Concentré sur des schémas anatomiques, il avait une aura de détermination qui m'a captivée.

Mon cœur fit un petit bond. Il avait cette manière de froncer les sourcils quand il semblait concentré, ce qui le rendait bizarrement adorable. Un sourire fugace a traversé mon visage alors que je détournais rapidement le regard, essayant de me convaincre que je devais me concentrer sur mes propres recherches. J'étais littéralement devenue une groupie.

C'est là que nos regards se sont croisés - juste un bref instant, mais suffisant pour que nos yeux s'accrochent. Un éclair de reconnaissance a traversé son visage, suivi d'un sourire chaleureux. Je senti mes joues rougir légèrement tandis que je lui rendais son sourire, tentant de paraître aussi naturelle que possible.

Plus tard, au le milieu de la journée, alors que je me lève pour chercher un livre, j'entends des voix animées venant de la salle de réunion adjacente. Intriguée, je m'approche discrètement et je surprends Haïder en train d'expliquer quelque chose avec passion à ses camarades.

Je retourne à ma place, ne voulant pas qu'il découvre que je l'espionne. J'étais honteuse, car j'agissais comme une adolescente amoureuse. Je me remis rapidement au travail, mais mon ventre se mit à gargouiller tellement fort que mes voisins de table me zieutèrent. Je consulte ma montre qui affiche midi passé. Je décide de m'octroyer une pause déjeuner largement méritée.

En arrivant à la cafétéria, la seule table libre restante était évidemment juste à côté de celle où Haïder et ses amis étaient installés, peut-être que le destin aimait jouer avec nos vies d'étudiants, après tout.

En passant pour m'asseoir, j'en profite pour écouter leur conversation animée sur leur présentation à venir. J'ai été impressionnée par l'engagement d'Haïder pour ses études. Je me dirige vers la table, mon plateau en main, en évitant soigneusement son regard. Je m'assois et commence à manger quand je sens une présence à mes côtés.

Je relève la tête pour y découvrir. Haïder assis à mes côtés avec son plateau, il m'offre un sourire timide :

— Tu me suis, n'est-ce pas ? Me lança-t-il amusé.

— Oh, non, ce n'est pas ce que tu crois. C'est juste... une coïncidence, répliquai-je en riant légèrement. J'étais extrêmement embarrassé, car il devait non seulement penser que je le suivais, mais aussi que je n'avais pas d'amis et que je cherchais ainsi à le coller.

Il rit aussi, sa voix remplissant la pièce.

— Bien sûr, bien sûr. Ça doit être notre destinée de déjeuner ensemble, ajoute-t-il avec un sourire contagieux.

Nous commençons à discuter tout en mangeant. La conversation s'est rapidement transformée en une série d'échanges légers et comiques. Haïder avait un talent pour me faire rire avec ses anecdotes sur la vie étudiante en médecine.

- Un jour, lors de ma présentation sur les avancées en chirurgie robotique, j'ai confondu la télécommande du projecteur avec celle du robot chirurgical et j'ai involontairement fait bouger les bras du robot, renversant une tasse de café sur l'ordinateur du jury. Tout le monde autour de moi a éclaté de rire, mais le jury n'a pas du tout apprécié l'incident, déclare-t-il honteux.

J'émets un rire chaleureux face à son anecdote. À un moment donné, alors que je faisais mine de me plaindre de ma malchance en matière de choix de places, il plaisante :

- Je crois que tu as une carte de fidélité pour cette table maintenant. La prochaine fois, ils devraient te donner une récompense spéciale.

Nous rions de plus belle, c'était comme si nous avions trouvé une complicité instantanée dans notre routine imprévue de se retrouver toujours au même endroit. C'était étrange, car je n'étais pas du genre à sociabiliser avec des inconnus, bien au contraire, mais c'était différent avec lui.

En fin d'après-midi, alors que je me concentrais profondément sur mon travail à la Bibliothèque, un vacarme soudain émanant de la salle de réunion voisine a attiré mon attention.

C'était comme si le destin avait décidé de jouer avec nous encore une fois. Voyant Haïder sortir précipitamment de la salle avec une expression de frustration mêlée d'humour, j'ai su que quelque chose ne tournait pas rond.

Je me lève, curieuse de voir ce qui se passe. Haïder, un sourire désarmant sur le visage malgré la situation chaotique, s'approche de moi.

— Excuse-moi, est-ce que tu sais à qui nous pourrions nous adresser pour un problème de projecteur ? Me demande-t-il, ses yeux pétillants de malice.

Je lui offre un sourire complice.

— Oh, tu as déjà épuisé tous tes tours pour me suivre à la cafétéria, maintenant c'est pour résoudre des problèmes techniques ? Répliquai-je, essayant de garder un sérieux de circonstance.

Haïder rit doucement.

— Je te promets que c'est pure coïncidence cette fois-ci. Le projecteur a décidé de nous lâcher, rétorque t-il avec amusement.

Ensemble, nous déambulons dans les couloirs, à la recherche du saint graal – le bureau du support technique. Tout en marchant, il commence à me raconter ses histoires sur les déboires technologiques fréquents dans les salles de réunion, chaque histoire plus hilarante que la précédente.

Je ne pus m'empêcher de rire à chaque nouvelle révélation, réalisant que derrière son sérieux en médecine se cachait un sens de l'humour subtil et sarcastique.

Arrivés enfin devant le bureau du support technique, Haïder lance avec un sourire en coin :

— Je suppose que tu es devenue mon porte-bonheur involontaire aujourd'hui.

Je ri, hochant la tête.

— Qui aurait cru que ma spécialité serait de résoudre les crises de projecteur ? Plaisantais-je.

Nous avions réussi à résoudre le problème avec l'aide d'un technicien un peu perplexe par notre bonne humeur contagieuse. Après avoir bidouillé quelques câbles et redémarré le système, le projecteur a enfin repris vie. Nous nous sommes regardés, partageant un sourire complice avant de retourner chacun à nos occupations.

Cette petite mésaventure technologique avait non seulement resserré nos liens naissants, mais m'avait aussi confortée sur le fait qu'Haïder était quelqu'un de formidable et drôle.

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