Chapitre 21

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Lundi 8 avril 16H00

Aujourd'hui, cela faisait un mois qu'Haïder m'ignorait complètement, idem pour sa sœur, c'est le silence radio total. Avec le temps, la douleur qu'il m'avait infligée s'était peu à peu dissipée, mais elle reste tout de même bien présente. Je ne pouvais pas, non, je ne voulais pas passer à autre chose sans avoir un semblant d'explication.

Trop de questions restaient sans réponse, et j'avais l'impression de devenir folle. Il me fallait comprendre, pourquoi avait-il originellement agi comme un preux chevalier pour finalement abandonner son armure ? Pourquoi Delara m'ignorait-elle ? Pourquoi avait-il choisi de croire Nezha, qu'il méprisait initialement ?

Je décide qu'après mon cours d'économie, je passerai chez eux pour tirer cette histoire au clair. Ce n'est pas dans mes habitudes de m'imposer chez les gens, ce n'est pas comme ça que l'on m'a éduquée. En revanche, cette histoire me trottait dans la tête depuis un bon bout de temps et il était temps de faire la lumière sur tout cela pour que je puisses passer à autre chose.

Jade n'était pas là aujourd'hui, c'est bien dommage, j'aurais aimé qu'elle me donne un peu de courage ou qu'elle me fasse rire. Tant pis, je dois prendre mon courage à deux mains et affronter les choses comme une grande. J'ai passé ma dernière heure de cours à imaginer toutes sortes de scénarios de nos retrouvailles.

Le professeur consulte l'heure sur son ordinateur :

- C'est la fin de l'heure, je vous souhaite bonne chance pour vos examens !

J'étais tellement absorbée par toutes ces histoires que j'en avais oublié les examens de fin d'année. Il fallait que je résolve mes problèmes personnels pour me focaliser sur ma réussite scolaire. Si je voulais avoir une chance d'être prise dans ma formation, il fallait que je redouble d'efforts. L'entrevue de cet après-midi tombe à pic. Après celle-ci, quand les tensions seront apaisées, tout s'arrangera et reviendra à la normale.

Je me lève en trombe, me faufilant entre mes camarades de classe afin d'attraper le premier bus. Je savais que les jumeaux étaient généralement rentrés à cette heure-ci et que leurs parents ne rentraient pas avant 18 heures. Je me hâte, car je ne veux surtout pas tomber sur eux et les déranger.

Par chance, je tombe directement sur le bus en arrivant à l'arrêt. Sur le trajet, j'ai les mains moites de stress, j'arrive à peine à tenir la barre. Plus nous approchons de l'arrêt, plus mon rythme cardiaque s'accélère. Je sens ma poitrine se serrer et j'ai le souffle irrégulier.

Le bus annonce mon arrêt. Je prends une grande inspiration et descends. Une fois dans leur rue, je marche à grandes enjambées vers leur appartement. Arrivée devant la porte de celui-ci, je tape difficilement le code, car mes mains ne cessent de trembler face à cette future confrontation.

Je pénètre dans le hall et me dirige vers la cage d'escalier qui mène au 1er étage, leur étage, son étage. Arrivée devant la porte, j'inspire profondément et toque.

Pas de réponse.

Je décide de sonner.

Pas de réponse.

Ils ne sont manifestement pas là. Tant pis, je repasserai une prochaine fois.

Étant déjà sur place, je décide de rendre visite à Vlad. Je monte un étage plus haut, je frappe à la porte, et sa mère vient m'ouvrir. J'entends les petits pas de Vlad venir en courant vers la porte d'entrée :

— C'est qui, maman ? crie-t-il au loin, quand il m'aperçoit, un sourire orne instantanément son visage. Il lance un cri de joie et accourt pour me faire un câlin.

HauntedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant