Chapitre 13

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Vendredi 1 février 21h30

- Espèce de petite ingrate !

Une gifle.

- Tu es sous mon toit, c'est moi qui fais les règles ici ! Crache-t-elle.

Une autre.

Ce soir était une soirée comme les autres chez moi, j'eus l'audace de défier son autorité en étant en retard, car notre cours s'était fini plus tard que prévu. J'avoue avoir également traîné avec Jade pour qu'on se raconte les derniers potins sur nos camarades de classe, une fois rentrée, j'eus à peine enfilé mon pyjama qu'elle m'est tombé dessus.

Ma mère n'était pas de nature patiente encore moins quand il s'agissait de ma personne, elle s'en donnait à cœur joie pour me rappeler que c'était elle qui commandait ici et que je n'étais rien à ses yeux. Chaque mot tranchant comme un couteau, elle me faisait sentir plus petit que jamais, écrasant tout espoir de rébellion dans l'œuf.

Mon père fut alerté par les bruits de notre altercation, dérangé par ceux-ci, il se présenta dans le salon où nous étions et commença à hurler à pleins poumons :

- J'en ai marre de ce boucan incessant, je ne supporte plus vos disputes !

De là, éclata une dispute entre eux, elle, l'accusait d'être trop laxiste dans mon éducation et de ne pas s'en préoccuper le moins du monde, lui, la sermonna sur son comportement d'hystérique en toute circonstance. Le ton monta graduellement et les gestes virulents se transformèrent peu à peu en coup dirigés vers ma mère.

Elle avait beau être la source de tous mes problèmes et de mes peines, je ne pouvais supporter de la voir se faire battre à son tour, j'étais bien placé pour savoir ce que ça faisait et à quel point c'était dégradant et humiliant.

Alors, lors de cette ultime bagarre, je tente de m'interposer afin de les séparer tant bien que mal, mais avec mon corps que je qualifierai de lâche au vu de ma sous-nutrition et de mes carences, je n'allais pas pouvoir y faire grand-chose.

Une pluie de coups s'abattait faisant valser tous les objets du salon, un vase se brisa, la table basse fut renversée, mon père prit tout ce qui lui passait sous la main pour le projeter sur ma mère qui essayait de se défendre comme elle le pouvait.

Voyant que cette altercation allait bien au-delà des autres, je décide d'alerter notre voisin, car j'eus l'intime conviction que cette fois, il la tuerait si on ne l'arrêtait pas. Tout se passa très vite, le voisin sortit et sépara mes parents, il se fit projeter contre le mur par mon père qui sortit en claquant la porte non sans une pluie de jurons.

Ma mère voulant toujours avoir le contrôle sur son image et la vision que les gens avait d'elle, fut dévastée, elle remit de l'ordre dans sa tenue et remerciait brièvement notre voisin avant de verrouiller la porte. Elle pivota d'une lenteur effrayante pour me faire face, j'eus le mince espoir d'avoir une étreinte ou de simples remerciements pour l'avoir « sauvé » mais il n'en fut rien.

Elle m'accabla et ce fut maigre comme expression :

- Comment as-tu osé appeler le voisin ? Tu penses que c'est ainsi que les choses se règlent ? Tu es pathétique ! Je ne t'ai jamais demandé ton aide, et voilà maintenant tout le voisinage qui va penser quoi de nous ? Que je ne peux pas contrôler ma propre maison ? Tu te rends compte de l'humiliation que tu m'as infligée ? Tu ne m'as pas sauvée, tu m'as déshonorée. Je ne veux pas de ton aide si c'est pour ternir notre nom. Va-t'en ! Je ne veux plus te voir !

Tout ce que j'avais fait pour la protéger se retourna finalement contre moi, quelle idiote pensais-je de moi-même, t'as vraiment cru qu'elle serait reconnaissante envers toi ?

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