Chapitre 18

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Lundi 3 mars 16h53

Pratiquement un mois qu'elle est partie, enfin qu'ils sont partis. Je continue de vivre ma vie tant bien que mal, même si, au fond, j'ai l'impression qu'ils m'ont abandonné et que ma présence n'était qu'un poids dans leur existence dont ils ont réussi à se débarrasser.

La douleur de leur indifférence est insupportable. Je me bats chaque jour avec ce sentiment d'abandon, essayant de trouver une raison de continuer, mais c'est difficile. Je voudrais juste une once de leur affection, un signe qu'ils se soucient de moi. Mais tout ce que j'ai, c'est ce vide immense et cette solitude écrasante.

Je reçois des visites régulières de mes copines, mais je n'ai en revanche aucune nouvelle d'Haïder depuis la fois où il s'est éclipsé après un appel.

Je le sens de plus en plus distant, il n'échange que très peu de messages avec moi, pareil pour Delara. J'ai l'impression d'avoir fait quelque chose de mal, mais je ne saurais dire précisément ce que c'est. Il persiste à me dire qu'il n'a pas le temps de me voir ou de me parler, car il révise, mais les étudiants en médecine ont fini leurs examens et sont désormais tous en stage. Pourquoi me mentait-il ?

Nous venions de finir notre dernier TD de la journée avec Jade et aucune de nous deux n'avait envie de rentrer chez elle. Je voulais en avoir le cœur net. Alors j'envoie un message à Haïder lui demandant où il était, ce à quoi il me répond : "À la bibliothèque, je suis occupé".

Je propose à Jade de venir vérifier et mener une investigation avec moi. Je savais que ce que je faisais était mal, ce n'était pas dans mes habitudes, mais son comportement était étrange et je voulais dissiper les doutes.

Nous prenons la route de la bibliothèque de la fac de médecine qui se trouve à mi-chemin entre notre fac et la sienne. Mais avant, une pause goûter était nécessaire. Nous nous sommes arrêtées dans un supermarché afin d'acheter toutes sortes de cochonneries : des Cinnamon Rolls, des cafés glacés, etc.

Nous nous dirigeâmes vers le bus qui déposait devant la bibliothèque. Étant deux grosses flemmardes, nous ne voulions pas faire le chemin à pied.

Sur le trajet, Jade me racontait son week-end à Londres où elle avait fait de nombreuses emplettes avec la carte de son père, un dirigeant d'une grosse boîte pétrolière qui ne regarde pas à la dépense.

— Je suis allée chez Harrods, et c'était comme être dans un rêve. J'ai acheté des vêtements de créateurs, des chaussures, des sacs à main – tout ce qui me faisait envie. Et le meilleur, c'est que je n'avais même pas à regarder les prix. J'ai simplement pris ce que je voulais, et je savais que mon père ne s'en soucierait pas. Ensuite, j'ai dévalisé les boutiques de Covent Garden et Oxford Street, chaque magasin avait quelque chose de fabuleux à offrir.

Pour être honnête, je ne prête pas vraiment attention à son récit, car j'étais trop absorbée par mes pensées, voulant démêler le vrai du faux et surtout imaginant toutes sortes de scénarios possibles et imaginables.

Jade me sortit de mes pensées en tapant sur mon épaule, m'indiquant que c'était notre arrêt et que nous devions descendre. Après quelques minutes de marche, nous arrivons devant la grande bâtisse dont les cinq étages sont vitrés.

Elle est généralement toujours bondée, car tous les étudiants de Manchester vont y étudier pour le WiFi gratuit, le chauffage et la modernité des salles. De nombreux étudiants sont entassés devant l'entrée, prenant une pause ; certains fument, d'autres discutent simplement.

Parmi eux, je reconnais une silhouette, la sienne. Perdu dans le flux d'étudiants, je ne distingue pas très bien ce qu'il fait, car il est dos à moi. J'ai un sentiment de soulagement immédiat, je décide donc de m'approcher pour venir lui parler pendant que Jade s'écarte pour prendre un appel.

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