Chapitre 19

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Samedi 8 mars 19h14

Je n'avais plus de contact avec Haïder depuis notre altercation devant la bibliothèque, il n'avait pas cherché à me joindre et je dois avouer que j'étais blessée par son indifférence. Je ne représentais donc rien à ses yeux ? Je ne pouvais me résoudre à penser que j'étais aussi insignifiante pour lui. Quelque chose clochait, je ne pus mettre le doigt dessus.

Il avait toujours eu un comportement irréprochable envers moi, il m'avait toujours aidé et soutenu dans les pires moments. Il s'agissait seulement d'un malentendu qui pouvait être résolu.

Ce jour-là, nous étions tous les deux sur les nerfs et butés dans nos convictions. J'étais persuadée que si je parvenais à discuter calmement avec lui, la situation s'arrangerait. C'était quelqu'un de censé et pragmatique, il comprendrait.

Je songeais à ma mère et l'idée qu'elle ait raison sur les hommes me retournait l'estomac. Je devais régler ça pour lui prouver qu'elle avait tort et qu'il y a des exceptions.

Après une semaine éreintante, j'étais résolu à m'offrir une bouffée d'air frais en me perdant dans les sentiers de la forêt dense de Blackley, à la périphérie de la ville. Là, parmi les murmures des arbres, je pourrais laisser vagabonder mes pensées, loin de l'étouffement de la solitude de mon foyer.

Cela faisait maintenant deux heures que je vagabondais dans cet écrin de verdure, et la nuit commençait à pointer le bout de son nez.

La plénitude de la forêt me calmait toujours. J'avais toujours les idées plus claires après une balade dans la nature. Le sifflement des oiseaux, les grandes étendues vertes, les grands arbres majestueux me calmaient instantanément. Plus les heures passaient, moins je croisais de personnes qui venaient généralement faire leur jogging.

Prise de court par l'obscurité qui gagnait du terrain de minutes en minutes, je décide d'emprunter un raccourci afin de gagner au plus vite l'arrêt de bus que j'avais perdu de vue deux heures plus tôt. Dans la pénombre naissante, les derniers rayons du soleil se fondirent en une lueur crépusculaire.

Je pressai le pas sur le sentier boisé, consciente de l'urgence de rejoindre l'arrêt de bus avant que la nuit ne s'installe complètement. Mes pas résonnaient sur le sol tapissé de feuilles mortes, tandis que le vent faisait danser les branches des arbres.

Soudain, mon pied glissa sur une racine dissimulée sous le tapis de feuilles. Un cri étouffé s'échappa de mes lèvres alors que je chutai lourdement sur le sol. Une douleur aiguë me traversa la cheville. Je tentai de me relever, mais un picotement lancinant me serra la jambe, me rappelant que je ne pouvais pas marcher.

Le crépuscule s'épaississait autour de moi, enveloppant la forêt de son manteau sombre. Paniquée, je me laissai glisser le long d'un arbre, essayant de contrôler ma respiration saccadée. Le froid de la nuit commençait à se faufiler sous mes vêtements, ajoutant une couche supplémentaire de désespoir à ma situation précaire.

Je n'avais pas énormément de solutions qui s'offraient à moi, sachant qu'il ne me restait plus beaucoup de batterie et le froid se resserrait sur moi comme un étau. Je pourrais contacter mon paternel qui ne m'a pas adressé la parole depuis près d'un mois, mais c'était la pire des idées. Il informerait ma mère de cet incident et cela créerait encore des histoires.

Je ne le contacterai pas non plus par fierté. Il ignorait complètement mon existence. Je ne lui donnerai pas la satisfaction de lui faire croire qu'il est indispensable, loin de là. Et puis, il y avait lui. Peut-être était-ce un bon prétexte pour lui parler.

Il avait toujours été là quand j'avais besoin d'aide. Il m'avait toujours intimé de lui écrire si j'avais quelconque problème. Ce n'était pas notre altercation qui remettrait en doute ce qu'il avait toujours dit. Je décide de l'appeler.

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