₀₄. ᴘᴀ̂ᴛᴇs ᴀᴜ sᴀᴜᴍᴏɴ

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Yael

Le bruit des mitraillettes assaille chacun de mes tympans, et les bombes qui explosent les font presque vibrer sous la pression.

Meme Sid, à mes pieds, doit les entendre, car il grogne à chaque coup de feu, ou explosion.

C'est bien juste pour lui que je baisse le son, pour ne pas perturber son sommeil, car en ce qui me concerne, je préfère encore me briser les tympans, plutôt que de faire face au silence de cette maison qui me tiraille encore plus que les coups contre ces derniers.

-Tu as déjà passé la nuit sur FIFA, et tu comptes passer la journée sur Call Off ?

Je ne sursaute pas quand Farid retire mon casque, mais jure quand meme dans ma barbe en le récupérant, la chaine autour de mon cou entre mes dents.

Forcément, sourire aux lèvres, il le passe autour de son cou en s'asseyant sur mon bureau.

-Trouves moi quelque chose de plus intéressant à faire dans cette vie pourrie qui est la nôtre ?

-Ouaiiis, ça faisait plus de six heures que ta négativité ne m'avait pas frappé, je l'avais presque oublié.

Sans répondre, je continue ma partie meme si à cause de lui, je viens de mourir.

-Connard, dis-je seulement car je viens de perdre, et non pour sa petite pique si réelle qu'elle ne m'atteint meme pas.

-Tu as les yeux rouges, mec. Tu vas t'exploser le crane à force de jouer, dit-il en posant un peu plus son genou sur mon bureau en se tournant vers moi, pour que le regarde.

-Depuis quand tu t'inquiètes sur mon temps de Xbox, Farid ? je demande d'un ton qui lui affirme que j'ai très bien compris que ce n'était pas ça, le réel souci.

Je le sais pertinemment, car il me casse tous les couilles avec ça depuis le début.

-Ca va faire trois mois qu'elle est partie, faut que tu arrêtes de déprimer.

-Je ne déprime pas.

-Bip, fait-il en attrapant mon nez pour le pincer.

-Farid putain ! criais-je en rigolant malgré moi. Bouge de là.

D'un coup de pied, je le pousse de mon bureau et malheureusement il retombe sur ses pieds et ne s'écrase pas la gueule comme j'aurais espéré. Il me regarde de ses yeux foncés, joueur, et ce sourire fier de lui quand il réussit à m'en tirer un alors que je déprime.

Je déprime souvent, mais je m'y suis fait.

Là, c'est une déprime, sur la déprime constante.

Un phénomène que j'ai beaucoup de fois expérimentée, et c'est encore pire que ma déprime habituelle, qui est donc multiplié par deux.

-Je vais nous faire des pattes, dit-il en frappant derrière ma nuque. Au saumon, ça te dit ?

-Ouais, si tu veux.

Ça me dit, forcément, c'est mon repas préféré, et surement l'un des seuls que Farid sait cuisiner.

Comme à chaque fois qu'il vient pour me nourrir, ce qui arrive très souvent depuis le départ de Alyah, il sait pertinemment que je vais craquer et venir le rejoindre pour lui tenir compagnie.

Déjà qu'il m'assume comme un gamin, et ce depuis déjà très longtemps, je ne peux pas jouer au gosse ingrat.

Parfois, j'ai l'impression que le monde entier a passé sa vie à s'occuper de moi, me rappelant que ceux qui auraient dû le faire n'étaient plus là.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant