₆₆. ʟᴇs ғʟᴀᴍᴍᴇs ᴅᴇ ʟ·ᴇɴғᴇʀ

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Lyviee

On dit qu'il faut attraper le taureau par les cornes avant qu'il nous charge.

Ou alors je viens d'inventer ça, je ne sais pas vraiment.

Tout ce que je sais, c'est que ça ne sert à rien d'attendre que la bombe explose en sachant pertinemment qu'elle va le faire, et qu'il vaut mieux tenter de la déjouer en l'affrontant.

Tic et Tac sont morts, ainsi que les trois autres hommes de main de la Reine. Meme si elle dit m'aimer, je ne vais pas m'en tirer.

C'est pour cette raison que je me retrouve là, dans ma voiture, sortant du QG des Corsicas ou je pensais Cristale, mais elle n'est pas la.

Je me sentais enfin prête à l'affronter, mais le vide dans son bureau m'a presque démotivé. Comme un mur qui se créer à nouveau devant moi pour m'empêcher de faire une chose que je regretterais.

Je m'apprête à démarrer, mais ma portière s'ouvre d'un seul coup. Je me crispe intérieurement et mon cœur accélère, quand Orion s'assoit à mes cotés sans un mot.

Un froid lourd et nouveau s'est installé entre lui et moi, et le regard qu'il pose sur moi un instant n'a plus rien de celui qu'il avait avant. Une barrière s'est créée, celle ou je suis loin de lui, et lui, loin de tout.

-Tu as tué Tic et Tac, dit-il simplement.

-Oui.

-Cristale le sait.

Je m'en doutais, mais cette simple affirmation me donne envie de vomir et réveille l'angoisse que j'essaie de taire depuis ce matin.

-Pourquoi je ne suis pas déjà morte ? je demande en déglutissant.

-Bonne question.

-Tu sais où elle est ? Je voulais la voir, mais elle n'est pas là.

-Elle habite une petite maison dans Tepic. Je peux t'y conduire, si tu veux.

Nous nous toisons quelques secondes dans le silence le plus sombre que je n'ai jamais connu, entre lui et moi. Ses yeux sont cernés et injecter de rouge, aussi vif que le bandana autour de son crâne. Ses poignets sont détruits à coup d'ongle, signe de sa folie de plus en plus forte.

Je détourne le regard d'un frère qui meurt sous mes yeux, m'en rendant compte une fois que je ne peux plus rien faire.

Je démarre sans un mot et lui tend mon téléphone pour qu'il y rentre l'adresse, ce qu'il fait sans broncher avant de le poser face à moi.

-Tu me détestes ? demande-t-il doucement, une fois que nous sommes engagés sur la route.

C'est la question que je me force à me poser depuis cette nuit-là.

Cette question qui me terrifie, car j'en connais la réponse.

Et ce n'est pas cette réponse, que je devrais avoir, et pourtant, c'est la seule sincère qui en découle. C'est bien ça, qui me fait encore plus peur.

-Non.

­-Tu devrais.

Il chuchote presque, pourtant, cette phrase raisonne comme un hurlement dans mon esprit, celui que je force à exister pour tenter de me réveiller.

-Je sais. Mais c'est comme ça. Je ne te détesterais surement jamais.

-Meme le jour ou j'irais à nouveau trop loin ?

­-Est-ce que ce jour va arriver ? je demande en lui jetant un coup d'œil.

Enfoncé dans le siège que Yael occupait il y a encore deux jours, son bras est posé contre la portière, et il grignote le bout d'un cure dent, les yeux rivés sur la route.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant