PUPILLE - BRAHMAN PARADISE

₃₈. ʟᴇ ᴍᴀʀɪᴀɢᴇ

Yael

Je savais que ce jour arriverait, mais voir Swann, ce petit con que je considère comme un frère, dans son costard blanc, prêt à vivre le plus beau jour de sa vie, meme mon cœur froid fond malgré moi. Nous voir tous ensemble, autour de lui, présent et prêt pour le soutenir dans une étape de sa vie, me redonne encore espoir en quelque chose.

En quoi, je ne sais pas.

Peut etre en nous. En notre famille. La vie n'est pas la plus jolie, mais notre famille l'est assez pour combler cela.

-Je me marie avant vous, les loosers !

Swann fait des doigts d'honneur vers la table haute ou nous sommes appuyés, Farid, Gin et moi. En effet, nous sommes tous les trois plus vieux, mais c'est ce petit enfoiré qui est casé avant nous.

-Tu es fiancé à Iris depuis que vous avez cinq ans, mec, lui répond son frère.

-On sait tous que ça finirait comme ça, rajoute Kai en finissant d'habiller Elyass, sur excité.

Tatie Tanie rigole, en séchant les larmes qui n'arrêtent toujours pas de couler sur ses joues.

-Maman, arrêtes de chialer comme ça !

-Mon premier fils qui se marie... bien sûr que je pleure ! Je n'arrive pas à m'y faire, mon bébé.

Elle pince ses joues et je dois mordre les miennes, comme Farid, pour ne pas nous foutre de sa gueule. Puis, je me rappelle que lui au moins, il a une mère pour lui foutre la honte, et m'arrête de rire net.

Il m'en faut peu, pour passer du tout au rien.

J'ai juste à me rappeler que je n'ai plus de parent.

-Ton père aurait été fier de toi, mon petit bébé. De vous tous, continue-t-elle en nous regardant.

Elle se rapproche de nous en souriant, d'un sourire qui a bercé mes moments de violence, quand ma mère n'était plus là pour le faire.

Je ne dirais pas qu'elle a pris son rôle, car personne à part maman n'aurait pu jouer ce qui lui appartenait, mais elle a limité les dégâts en me donnant son amour de mère, comme si j'étais son fils.

-Ils seraient tous fier. Alyssa aussi, de vous voir tous ensemble, après toute ces années. Je suis heureuse de vous voir toujours soudé.

-Maman...

Gin vient embrasser sa mère d'un côté, Swann de l'autre. Moi, j'essaie de ne pas avoir mal. J'essaie de faire comme eux tous, et de garder cette image positive d'un mort absent, mais fier de nous de là où il est. Personnellement, ces illusions ne me bercent pas, moi. Elles ne me rassurent pas, bien au contraire. Ce sont des conneries. Maman ne peut pas etre fière, car elle n'est plus là pour voir.

Et meme si elle le pouvait, elle n'aurait pas dû voir, mais etre à nos côtés, dans cette chambre, avec nous.

-Tu as l'air d'un con, dans cette chemise.

La voix de Farid me parvient au meme moment que l'olive qu'il vient de me lancer dans l'œil.

-Aie !

Ce dernier se met à rigoler, les yeux rivés sur moi un sourire sincère et rempli de calme sur les lèvres.

Je sais ce qu'il fait. Farid me connait mieux que personne, et m'a vu partir loin dans mes pensées sombres. C'est sa façon de me ramener à eux, à lui, pour ne pas me faire du mal.

-Tu t'es vu, toi ? je réplique comme un gamin

-Je me trouve sacrément sexy, personnellement. Tout me va, à moi.