₆₄. ᴅᴇsᴄᴇɴᴛᴇ ᴀᴜx ᴇɴғᴇʀs

89 11 0
                                    

Yael

Assis à meme le sol, sous le ciel noir et vidé de tout étoile, mes pieds m'ont amené ici sans vraiment savoir pourquoi.

Pourtant, je n'y vais jamais.

Je déteste les cimetières. A part tatie, Iris et Luna, personne ne se rend vraiment là où sont enterrés tous les gens que nous aimons.

C'est triste, en fin de compte, d'avoir aussi peur d'affronter le deuil.

A voir les fleurs encore toutes fraiches sur la tombe de ma mère, l'une d'entre elles est surement passé dans la semaine.

Elles l'ont fait pendant toutes ces années, à la place de ceux qui auraient dû le faire.

J'attrape une rose blanche que je tourne entre mes doigts, me rappelant comme ma mère les aimait. Elle en dessinait tout le temps, et mon père lui en achetait toutes les semaines. Quand je prenais mon petit déjeuner, elles étaient là, dans un vase en face de moi, et se renouvelaient tous les lundis.

Ce soir, alors que tout vient de s'écrouler, je n'ai besoin que d'une chose, mais elle n'est pas là.

On m'a toujours dit de venir ici, pour me rapprocher de son âme et d'elle, mais ce n'est pas de ça dont j'ai besoin.

Je n'ai pas besoin de parler à une pierre tombale. J'ai besoin d'elle. J'ai besoin de ses bras. J'ai besoin de ses mots, de son réconfort.

J'ai besoin de ma mère, comme avant, et non pas d'un bout de terre ou son corps a été enterré.

J'ai besoin de ma mère, mais je n'en ai plus le droit depuis qu'on me l'a arraché.

Pourtant ce soir, il n'y a qu'elle qui pourrait me réconforter. Il n'y a qu'elle dont j'ai besoin.

Il n'y a quelle.

Il n'y a quelle.

Je n'ai besoin que de ma mère.

Ma mère qui me manque tant.

Le silence qui m'accompagne est dérangé par des bruits de pas qui se rapprochent de moi. Il n'y a pas grand monde qui pourrait me retrouver ici, et puis, je reconnais très bien son parfum, et ses chaussures quand il s'assoit à mes côtés.

Il a passé un nombre incalculable de fois sur la tombe de ma mère quand je pensais qu'attendre ici me la ramènerait.

Il m'a accompagné sans aucune raison, juste pour m'écouter lui parler d'elle et faire en sorte qu'ils se connaissent un peu.

Maman aurait aimé Farid. Beaucoup, meme.

Au bout de dix minutes de silence, je souffle et passe une main dans mes cheveux encore humide de ma transpiration.

-Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant, Farid ?

-Je n'en sais rien.

Farid a toujours été un deuxième Kai. Toujours les bons mots, la lumière dans le sombre, celui qui me donnait un peu d'espoir.

Ce soir, meme lui vient de s'éteindre.

-J'ai envie de mourir. Encore plus que ce soir-là.

Je n'ai pas besoin de lui expliquer de quelle soirée je parle. Il sait mieux que personne à quel point j'ai déraillé quand ma mère est morte.

Pourtant, ce soir, alors que je souffre encore plus, je ne suis pas prêt à me jeter d'un toit.

Je suis juste... vide. Je n'ai pas envie de crier, pas envie de pleurer.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant