₆₇. ᴏʀɪᴏɴ

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Yael

Il arrive un instant, ou le sommeil n'est meme plus nécessaire. Quand la vie tourne à mille à l'heure et que dormir devient une pause ou un luxe, qu'on ne peut forcément s'acquérir.

Quand la douleur est trop vive, le sommeil devient une chance. Chanceux que la douleur nous laisse enfin fermer les yeux.

Pour l'instant, c'est celle-ci qui m'a empêché de réellement dormir.

Je vis comme un zombie, et mes cernes dans le rétroviseur de ma voiture me nargue pour me rappeler que je suis surement sous moins trente heure de sommeil.

Mon visage blanchit, et pour que je perde de mes couleurs, c'est que je suis à un point de non-retour.

Mais là tout de suite, encore, je n'ai pas vraiment le choix. Le sommeil n'a pas sa place, pas encore, quand ma curiosité est trop forte et trouve l'arme de Lyviee à un endroit inconnu.

Après la folie de la nuit dernière, nous sommes rentrés tous les deux, mais moi qui espérait l'avoir à mes côtés pour dormir, elle a dit avoir quelque chose d'important à faire. Il était déjà neuf heures du matin, alors je n'ai meme pas essayé de dormir. J'ai mangé avec Joe et Farid, essayant de trouver un peu de réconfort, évitant totalement le reste de ma famille que je ne me sens pas encore d'affrontera.

Et c'est en me rendant chez elle, qu'elle ne répond pas, que je me demande ou elle peut bien se trouver. C'est seulement dans les moments où je m'inquiète que je regarde sa puce.

Je sais que c'est une intrusion à la vie privée, mais je pars d'une principe qu'une vie comme celle de Lyviee Jones doit etre surveillé.

Et quand je la trouve dans un endroit que je ne connais pas, comme toujours, je panique, car il pourrait toujours lui arriver n'importe quoi.

C'est pour cela qu'elle doit s'en aller.

Elle ne sera jamais en sécurité ici.

Je roule rapidement jusqu'à l'adresse indiquée, en repensant à son regard d'hier soir, totalement désespérée et détruit. Le regard de ceux que la vie a abandonné, et qui survivent comme possible.

Ses mains tremblantes, sa robe remplie du sang qu'elle a fait couler.

Je... je me sens de plus en plus impuissant face au cercle sans fin dans lequel elle est plongée.

Comme toujours, un mauvais présentiment me tombe dessus. C'est pour cela que je déteste etre loin d'elle, car j'ai peur de la retrouver morte à chaque fois.

Et aujourd'hui, je ne peux plus perde ceux que j'aime. Maman, et maintenant... Kai. Je ne pourrais plus rester impuissant. Je n'ai pas réussi à les sauver eux, et ils sont morts.

Ça n'arrivera plus. Je refuse que quelqu'un meurt à nouveau alors que j'aurais pu le sauver.

Alors j'accélère un peu plus jusqu'à me retrouver devant une maison... banale.

Vraiment banale.

Rien de louche, bien au contraire, on croirait etre dans un quartier presque chic, malgré le peu d'habitation. Il n'y a pas de voiture devant, sauf la sienne, forcément, et les volets sont fermés.

Je descends et rejoins la porte qui est fermée, alors je la contourne pour passer par derrière, et c'est seulement la que les pièces s'assemblent pour me faire comprendre.

Tout d'abord, l'odeur.

Puis, je passe mon œil dans la fente des volets, et ce que je vois me fait bondir.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant