₀₆. ʟᴀ ʟᴜɴᴇ ᴇᴛ ʟᴇ sᴏʟᴇɪʟ

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Lyviee

-Apres la terre, c'est du sang sur mes talons blancs Lyviee !!

Je glousse sans me contrôler, ce qui me vaut un regard meurtrier de Julia, qui inspecte de plus près ses chaussures.

-Je mets des talons quasiment tous les jours de ma vie, et pas une fois je me les salis. Je peux savoir comment tu t'y pends pour les détruire à chaque sortie ?

-Il a dérapé sur sa joue. Je ne le visais pas avec la pointe, je te jure.

C'est la stricte vérité. J'ai frappé fort, sans viser particulièrement à le taillader. Ma chaussure en a seulement décidé autrement.

-Hm, et bien moi, je vais arrêter de prêter des chaussures si ça continue.

-Je n'en ai pas besoin, dis-je en me levant de mon lit pour commencer à enfin retirer ce pyjama.

-Alors pourquoi tu me piques constamment les miens ? demande-t-elle en s'allongeant sur mon lit.

-Car j'aime bien t'embêter.

Je lui fais un clin d'œil dans mon grand miroir, ce qui la fait rouler des yeux instinctivement. Je possède au moins cent paires de chaussures, mais je ne me lasse jamais d'emprunter celle de Julia. C'est un petit lien qui me donne l'impression d'avoir une véritable sœur, dans cet enfer. Une sœur avec laquelle je fais des choses anormales, mais qui sont atténuées par le semblant de normalité que je nous offre en lui piquant ses affaires, pour qu'elle me crise dessus.

Une technique que nous avons apprise au fil du temps. Notre vie n'est pas la vie d'enfant normaux. Elle est unique et différente, mais il est inutile de se comporter comme tel. Notre relation est celle de frère et sœur tout à fait normale.

-Ça t'a fait quoi ? fini-t-elle par me demander, allongée sur sa hanche et sur son coude, le regard rivé sur moi alors que je cherche de quoi m'habiller.

-Rien, dis-je sans demander ce qu'elle insinue. Les habitudes ne se perdent pas, ni les sentiments qui vont avec.

Il y a deux mois maintenant que nous sommes ici. Orion nous a installé dans un petit lotissement en hauteur avec seulement deux mini appartements. Un pour Ju, un pour moi. Nous avons la chance d'etre nos seules voisines.

Quant à lui, il a décidé de prendre une chambre dans le nouveau repère des Corsica. Il faut dire que Orion, est différent depuis qu'il est ici. Alors que nous sommes enfin loin des monstres qui nous rendaient la vie dure, on pourrait croire qu'il est encore plus tendu, angoissé et énervé qu'avant.

Hier soir, quand il m'a appelé pour attraper les infiltrés dans l'ancien domaine, mon cœur s'est presque soulevé, en comprenant qu'il me donnait une mission.

Je savais que ça arriverait un jour, car nous sommes toujours des pupilles. Nous avons juste la chance d'etre celle de Orion, notre frère, plutôt que Cristale.

Je n'étais pas allée sur le terrain depuis que j'ai posé un pied à Tepic, et retrouver Sarah Corsica, pupille numéro quatre, ne m'a pas fait autant de mal que je le pensais.

Au fond, rien n'a changé. Je ne me suis jamais mise à espérer que c'était terminé pour de bon.

-Je pensais qu'on se reposerait enfin, dit-elle en attrapant un coussin qu'elle entoure de ses bras.

-Nous ne sommes pas faites pour nous reposer, Julia.

J'enfile une robe bleu ciel, mettant en valeur ce corps pour lequel j'ai lutté pendant des années. Afin qu'il soit parfait, que ce soit pour les hommes que je voulais avoir, ou pour Cristale. Il est plus fin que ce que j'aurais pu me croire capable, et je me suis forcée de longue année à l'adorer comme je le fais aujourd'hui.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant