₁₂. ʟᴇ sᴄᴏᴏᴛᴇʀ

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Lyviee

Depuis que nous sommes partis de chez Cristale, quelque chose à changer chez nous tous. Julia sourit plus, rigole plus. Elle a toujours été le petit rayon de soleil de notre bande, mais ses rires raisonnaient comme une obligation. Comme si elle se sentait obligé d'etre celle qui ne trainerait pas la douleur à ses côtés, car ceux en face d'elle n'était pas capable de le faire.

Aujourd'hui, elle ne se force pas à etre joyeuse, elle l'est réellement quand nous pouvons manger des popcorns toute la nuit sans craindre de se faire attraper. Elle est heureuse quand elle me dit qu'elle a pris un kilogramme.

J'ai changé, aussi. Seulement trois mois se sont passés depuis que je suis arrivée à Tepic, et meme si l'environnement de ma vie n'est pas la liberté que j'aurais espéré autrefois, elle est déjà meilleure que ma vie à Tijuana. Malgré le fait que je sens toujours Cristale au fond de moi. Je sais qu'elle est la quand je vois Tic et Tac nous surveillant, qu'importe où nous allons, ou alors quand Orion nous fait le debriefs des réunions avec elle.

Mon train de vie a changé, il n'est plus rythmé par les entrainements douloureux, la torture quotidienne et les missions ou seul mon corps comptait.

Aujourd'hui je vais courir avec chou, je peux dormir toute la journée et la passer sans me battre une seule fois. Je n'ai plus de mission, donc plus besoin de m'arracher la peau pour qu'elle soit parfaite, et me faire vomir pour etre sur de rentrer dans mes robes. Je profite. Je ne fais que ça. Je profite car je sais qu'ici, rien n'est éternelle.

Mon plaisir est éphémère, et j'en profiterais assez pour que ça me tienne toute ma vie.

Orion lui, en revanche, a changé dans un sens étrange. Il est encore plus angoissé qu'avant, encore plus énervé et encore plus fatigué. Comme si lui, cette liberté était devenue une nouvelle condamnation. Il ne dit rien, mais je sais pertinemment quand il ne va pas bien. Encore une fois, aujourd'hui, ses cernes parlent pour lui. Les marques sur ses poignets rougis, signe de nouvelle crise, me crient qu'il continu de se perdre.

Pourtant, il ne me dit rien. J'ai l'impression que nous avons laissé notre lien enterré à Tijuana, avec les démons qui nous retenaient.

-Est-ce que tu vas bien ? je demande finalement en regardant Orion caresser chou au bord de mon lit.

Doucement, il relève ses yeux sombres vers moi, et me sourit en coin.

-Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?

-Tes cernes, tes poignets, et ton silence.

Dans un automatisme il passe un doigt sur ses marques. Orion n'était pas du genre à criser et à montrer ce qu'il ressentait. Quand il allait mal, c'est-à-dire tout le temps, il grattait ses poignets tellement fort que parfois il réussissait à se faire saigner.

-C'est compliqué de gérer un cartel.

-Tu as besoin d'aide ?

-Je n'ai pas envie de t'embarquer là-dedans, Lyv.

-J'y suis depuis assez de temps, tu sais ?

-Mais tu n'en as aucune envie. Et crois-moi, il n'y a rien de plus chiant qu'etre au-dessus de tout. J'ai l'impression de crouler, et j'ai envie de tous les tuer.

Je continue de vernir mes ongles, cette fois en orange, et relève les yeux vers lui de temps en temps.

-Tu ne nous parles pas.

-Vous êtes enfin en paix, hermana. Je ne viendrais jamais la gâcher. Enfin, sauf pour les Perez. Tu m'en veux ? finit-il par me demande en évitant mon regard.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant