₀₅. ᴡʜᴏ ɪs sʜᴇ

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Yael

Parfois, mon esprit est torturé par les simples questions qu'il n'arrête jamais de se poser, quand je m'apprête à faire quelque chose de mal. Il se demande ce que ma vie aurait pu etre, si ma mère n'était pas morte ce jour-là, et si mon père n'était pas parti.

Encore une fois, beaucoup m'ont menti en me disant que je finirais par accepter les deux. Ce n'est pas le cas, et pas un jour se passe sans que je maudisse mon géniteur, et que mon cœur pleure l'absence de ma mère.
Pas un seul.

Avant, je m'accrochais à la simple pensée qu'elle pouvait me voir, de là où elle était. Qu'elle gardait un œil sur moi, et malgré qu'elle ne soit pas réellement là, j'aimais penser que son âme accompagnait la mienne un peu partout. Alors qu'avant l'imaginer à mes côtés me donnait l'impression de pouvoir survire, aujourd'hui, j'en aurais presque la nausée, envahis par la honte qu'elle puisse me voir devenir ce que je suis.

Maman aurait vraiment honte, de me voir devenir cette machine de guerre prête à faire couler le sang pour de l'argent et des armes, et pire encore, du pouvoir et un empire.

-Putain, j'me suis coincé le doigt dans le tirebouchon !

-Mais pourquoi tu joues avec un tirebouchon ! s'écrit Gin en se rapprochant de Max qui agite son doigt en l'air.

Les gars qui étaient tous concentré, dans leur pensé exactement comme moi, explosent de rire en le regardant essayer de délivrer l'idiot de service du piège qu'il s'est tendu tout seul.

-Je stress, dit-il pour se défendre.

-Tu fais ça depuis que tu as treize ans, lui rappel Alex en roulant des yeux.

-Et alors, je n'ai pas le droit d'appréhender un cambriolage express chez notre nouveau rival qui veut notre peau ?

-Ce n'est pas un cambriolage, rectifie Yann. On y va, s'il y a quelqu'un on les fracasse, et s'il n'y a personne, on fait comme chez nous.

-C'est donc un cambriolage.

-N'ai pas peur petit Max, je te protègerais si besoin, sourit-t-il le regard pétillant.

Le principal concerné, toujours un tirebouchon coincé sur son index, arque un sourcil avant de rouler des yeux.

-Tu sais très bien que c'est moi qui te protège à chaque fois, espèce d'idiot imbécile et prétentieux.

Kai rigole à mes côtés, en enroulant ses mains dans des bandages, avant de se tourner vers moi.

-On ne s'en est jamais pris au Corsica de Orion, me dit-il. On ne sait pas qui il est, ni avec qui, donc fais attention à eux, et à toi.

-Je gère Kai, dis-je en enfilant mon cache cou noir.

-Je sais que tu gères, mon p'tit. Mais justement, quand on est un pro, on a tendance à oublier que nous ne sommes pas intouchables.

J'arque un sourcil vers lui, dubitatif.

-Je fais toujours attention.

C'est la vérité. Sa soudaine inquiétude est étrange, car il sait pertinemment que je ne suis ni du genre à foncer dans le tas, ni du genre à ne pas réfléchir.

-Je sais, me répond-t-il en soufflant. Je ne sais pas ce que j'ai. Ce mec m'intrigue. Tu sais très bien qu'en ne connaissant pas notre adversaire, c'est partir avec une balle dans le pied.

Il a raison. Ne pas savoir quel fou nous fait face ne nous aide pas à savoir de quoi faut-il se méfier. Sa violence ? Sa folie ? Sa colère ? Un adversaire discret et mystérieux est le pire danger qui puisse nous faire face, car nous ne savons pas de quoi nous nous protégeons.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant