₃₆. ʟᴇ ᴘᴀssᴇ́ ϙᴜɪ ɴᴏᴜs ʀᴀᴛᴛʀᴀᴘᴇ

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Yael

Meme si j'ai pu continuer de dessiner en prison, pouvoir retrouver mon cabanon, mes crayons, mes feuilles et mes carnets m'avait atrocement manqué. Me sentir dans mon univers, et pas seulement grâce au papier devant moi, mais à mon atmosphère comblée par les dessins autour de moi.

Assis à mon bureau, mon casque sur les oreilles, j'essaie de retrouver de l'inspiration en observant les dessins de maman, qui m'avaient manqué à en crever. Car chacun d'entre eux me rappelaient un souvenir. J'aime m'allonger autour et me rappeler du moment ou maman l'avait dessiné. En prison, je me sentais seul, sans eux.

Alors je les regarde un par un, me remémorant comme il se doit maman dans sa salopette ou sa robe à fleurs, dessiné en chantant.

Puis je me concentre sur mon dessin, et essaie de retrouver un soupçon d'inspiration, qui s'est malheureusement dégradé en prison. Le coup de crayon sur le papier ne me fait plus d'effet, car il s'est transformé en une échappatoire m'empêchant de mourir, pendant ces trois années de prison. Maintenant que je ne suis plus derrière les barreaux, ils me bruleraient presque.

Enervé d'etre incapable de dessiner quoi que ce soit alors que j'en ressens le besoin au fond de moi, je me lève et jette mon casque sur mon canapé, au meme moment que ma porte s'ouvre. Il n'y a que deux personnes qui entrent sans toquer, alors je ne suis pas surpris de voir Kai s'arrêter sur le pas de la porte.

-Habille toi, dit-il en souriant. On va acheter vos tenus.

-Nos quoi ? je demande en m'affalant sur le canapé.

-Ne t'assoie pas j'te dis. On va vous acheter vos tenues pour le mariage de Iris, tu sais, celui qui a lieu dans trois jours ?

Manquait plus que ça.

Mon frère doit voir mon manque d'enthousiasme, car il lève sincèrement les yeux au ciel, lasse.

-Ca va nous prendre une après-midi, Yael.

-J'ai ce qu'il me faut.

-Des shorts et des t shirt ? Non mon petit, dit-il en s'avançant vers moi. Iris nous a tous menacé. Farid et toi avez intérêt à fournir un effort, et de vous habillez correctement. C'est pour ça qu'on y va tous ensemble, avant la soirée d'enterrement de vie de garçon.

Comme si j'étais un gamin, je souffle sans m'en empêcher. Je suis ravi d'etre rentré, et j'ai du mal à rester en place, certes, mais je n'en suis pas au point de me taper une après-midi shopping. J'ai mes limites.

-Tu passes une journée entière avec Lewy Jones, aka le mec que tu as voulu tuer pour sortir avec Alyah, mais tu ne peux pas supporter une après-midi shopping ?

-Lewy est cool, dis-je passant outre l'expression choqué de mon frère. Je ne le voyais pas, car j'étais fixé sur le fait qu'il se tapait ma petite sœur. Là, c'est différent. C'est un gentil garçon. Vraiment.

Je pense chacun de mes mots. En Amérique, c'était compliqué de voir en dessous du statut « petit ami de ma sœur ». Je ne m'en rendais pas compte jusqu'à aujourd'hui. Qu'il ne soit plus avec elle m'a permis de le voir en tant que Lewy Jones. Et Alyah a raison, ce gosse est un gentil garçon. Un peu con parfois, mais il est cool. Puis son histoire n'est pas des plus jolies, à lui non plus.

J'espère qu'on retrouvera sa sœur, meme si au fond de moi, je crains bien d'avoir raison.

Après avoir vu Lewy, et etre tombé nez à nez avec Sarah...

Non.

Ce n'est pas possible.

La vie ne m'en ferait pas baver à ce point, je ne peux pas y croire.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant