₁₅. ᴜɴ ᴘᴀs ᴠᴇʀs ʟᴀ ʀᴇ́ᴜssɪᴛᴇ

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Lyviee

-Sa sœur est en Amérique, à los Angeles en Californie

Orion ouvre les yeux et relève sa tête pour me regarder. Les pieds sur son bureau, il fume une clope avec un verre de whisky dans la main. Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres qui recrachent la fumée.

-Bordel, ça, c'est une information en béton Lyv.

Je m'approche pour tirer l'une des chaises en face de lui et m'y assois en souriant. J'attrape une des mallettes en face de moi et écarquille les yeux face à tous ces billets.

-Waouh, ça c'est une récolte.

-Les mafia du Brahman sont une chance. Ils doivent bien etre emmerdé, depuis qu'on les a eus.

Je la referme délicatement, puis la repousse vers lui doucement, digne du traitement que mérite autant d'argent.

-Alors mini Perez est à Los Angeles. C'est chez toi ça, non ?

Je déglutis et passe deux mèches derrières mes oreilles décorée de longue boucle d'oreille en or, et essaie de refouler toutes les émotions qui fusent en moi en évoquant l'Amérique.

-Ouais, c'était chez moi. Qui sait, elle croisera Lewy.

J'essaie l'humour, mais me rend compte au regard de Orion que ma voix n'était qu'amertume.

-Qu'est-ce que tu vas faire de cette information ? je lui demande pour changer de sujet et éviter de penser.

Orion fait tourner son verre cristallisé dans ses mains et en observe le fond, comme passionné par le liquide marron qui s'y trouve.

-Son idylle en Amérique ne va pas durer, conclut-il. Elle pense mériter mieux que Tepic ? La vie va lui rappeler qu'il n'y a que cette merde qu'elle pourra toucher. Rien d'autre.

Alyah Perez a enterré Dylan avec ses frères. Elle est tout aussi coupable. Le silence, c'est la complicité. Elle n'a pas appuyé sur la gâchette, mais c'est tout comme. Le sang est également sur ses mains.

Alyah, Farid, potentiellement ce fameux Swann... ils méritent tous autant de malheur que sa cible numéro une, Yael Perez.

-Tu vas le tuer ?

Ses deux yeux sombres se posent sur moi, et sa tête se penche sur le côté dans un soupire lasse.

-Je vais le faire souffrir. Ensuite, on verra.

Des frissons gelés me parcourent de la tête au pied, et chacun de mes muscles se crispent à l'intérieur de moi, mal à l'aise.

La partie naïve de moi aurait continuer d'espérer toute sa vie que jamais le meurtre nous viendrait à l'esprit. En tout cas, pas de nous meme.

Je donnerais une partie de mon âme pour qu'Orion ne ressente plus toute cette rage qui le pousse à avoir l'envie de tuer. Une envie que le royaume des Corsica a rendu normal, routinière. Ils ont nourri cette envie pour nous, afin de faciliter nos pulsions.

La mort, le sang, la violence. Ce n'est rien chez nous. C'est un quotidien, la logique des choses qui doivent se passer. Par nécessité, quand le choix ne nous était pas offert. Pour beaucoup, un meurtre reste un meurtre, et je pourrais les comprendre. Ceux qui n'ont pas grandi comme nous ne comprendrons jamais la limite entre les deux.

Tuer par envie n'a rien à voir avec tuer par obligation.

Tuer par nos propres commandements, par nos propres moyens, ce sont les limites que j'aurais aimé ne jamais voir mes frères et sœurs dépasser. Aujourd'hui, voir Orion réfléchir à cette finalité me rappelle encore une fois que je ne peux pas fermer les yeux sur la réalité qui est que nous sommes bel et bien les pupilles de Cristale.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant