₂₃. ʟ·ɪɴsᴘɪʀᴀᴛɪᴏɴ ᴅ·ᴜɴ ᴀʀᴛɪsᴛᴇ

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Yael

« Arrête de te prendre la tête mec, vis et c'est tout. Vivre, c'est le risque, et c'est se dépasser. Maintenant, il est sept heures du matin, laisses moi dormir s'il te plait avant que je te fracasse la tronche, merci. »

Les mots de Farid sont ceux que je me répète en boucle, sauf les derniers qui menacent ma vie, pendant que je marche avec chou à mes côtés.

Ce matin, je me suis réveillé en meme temps que le soleil. La ville s'est levée et le silence de cette soirée n'était plus aussi paisible. Pourtant, Sarah à mes côtés n'avait pas l'air dérangé.

J'espère qu'elle dort toujours, qu'elle ne pense pas que je sois parti.

Je bois une longue gorgée de mon jus d'orange pendant que Chou sautille, heureuse de sa balade matinale. Dans mon esprit, les souvenirs de hier soir ne veulent pas me lâcher.

Pire, ils se sont ancrés à l'intérieur de moi, ne faisant plus qu'un avec mes pensées.

Je ressens encore la douceur des doigts de Sarah contre les miens, leur chaleur qui ont fait fondre toutes les barrières autour de mes sentiments.

Son rire raisonne encore à l'intérieur de moi, stimulant chaque partie de mon etre à l'en faire vibrer.

Mais c'est son sourire, que j'aimerais tatouer sous mes paupières pour ne jamais l'oublier.

Je ne sais pas si c'est, comme aime le dire Costia, mon manque d'amour tout le long de ma vie, qui me fait flancher aussi facilement, mais je n'en ai meme pas honte.

Que ce soit la faiblesse de mon cœur, ou la puissance de cette femme, je ne refoulerais en rien ce qui est entrain de m'arriver, car pour la première fois de ma vie, mon cœur n'a pas mal.

Il ne souffre pas quand il est avec elle.

Il ne pleure pas le manque de celle qui n'est plus là, comme comblé par quelque chose de nouveau et d'aussi fort.

Je ne sais pas ce que c'est, ni ce que je ressens, mais je sais que ça fait du bien, et que c'est sympa de vivre quelque chose de doux, dans toute l'horreur qui m'entoure.

C'est un peu comme un échappatoire, une deuxième vie. Elle est quelque chose de nouveau et d'extérieur à ce que j'ai connu, me donnant enfin une chance de faire quelque chose de simple et de normal.

Sarah me voit comme je suis. Elle peut voir qui je suis, et pas seulement ce que je représente. Elle n'a aucune idée de ce que j'ai pu faire, de ce que je fais, elle ne connait pas le Brahman, elle n'a aucune idée de mon trafic et du mal que je peux répandre. Elle n'a aucune idée du sang que j'ai sur les mains et des malheurs que j'ai pu causer. Mes erreurs, mon coté sombre et insensible.

Sarah est au-dessus de tout ça, et pour la première fois de ma vie entière, enfin, quelqu'un peut voir ce qui est au fond de moi, sans prendre en compte ce qui est autour.

Quelqu'un qui ne me ramène pas au chef du Brahman, mais seulement à Yael Perez.

Ça fait du bien.

C'est risqué et inconnu, mais c'est apaisant.

Les mains remplies de pâtisserie, je remonte les escaliers de son appartement pour la retrouver, chou dans mes pattes. Il est quasiment neuve heure, et Sarah n'est plus allongée là où je l'avais laissé.

Tout est rangé, comme si nous n'avions pas passé la nuit ici. Je suis partie il y a une heure maintenant, j'avais besoin de marcher tout seul pour me concentrer et réfléchir à comprendre si c'étaient des conneries, ou juste les meilleurs moments de ma vie. Puis j'ai cherché une boulangerie pendant trente minutes, également.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant