₀₈. ᴄœᴜʀ ʟɪᴍɪᴛᴇ́

122 12 4
                                    

Yael

Ma vie ne tourne pas autour de grand-chose.

Je dessine, je joue à la Xbox, je fais du sport. Je gère mon cartel et mon garage, et passe du temps avec ma famille et mon chien, et parfois, passe mes journées et nuits à regarder des documentaires historiques.

Ma vie est rythmée sur ces principales activités qui sont devenus mon quotidien depuis des années entières.

Pourtant, aujourd'hui, j'ai perdu la chose qui me maintenait véritablement en vie. La seule et unique qui me donnait l'impression de servir réellement à quelque chose, et qui m'offrait d'éternelles occasions pour me prouver que je n'étais pas ici pour rien.

Alyah.

C'était notre idée, d'envoyer ma petite sœur en Amérique, et je ne la regrette pas une seule seconde, car elle ne mérite pas de crever dans ce trou à rat. Je l'ai vu subir trop de chose pour la laisser se perdre éternellement dans la noirceur de ce monde. Elle était trop intelligente pour ne pas aller à l'université.

Mais une partie égoïste de moi, donnerait tout pour l'avoir de nouveau à mes côtés.

En plus de me tenir compagnie et de combler le vide qui nourrit mon cœur autant que cette maison imbibée de souvenir, elle me donnait l'impression de compter, et d'etre encore en vie pour une raison précise.

Au moment où cet homme a égorgé maman, j'ai prié Dieu pour qu'il me réserve le meme sort. Et à l'instant où il a attrapé Alyah, j'ai compris que si je n'étais pas mort ce jour-là, c'était seulement pour elle.

Que si je n'étais pas mort ce jour-là, c'était seulement pour pouvoir protéger ma petite sœur tout le long de ma vie.

Avec Alyah, j'avais l'impression d'etre utile au moins à ça, la protéger, et faire d'elle la petite fille la plus heureuse possible malgré l'environnement qui nous l'empêchait.

Dans ses yeux, je me sentais réellement compris, réellement aimé, et plus que tout, accompagné.

Nos solitudes étaient similaires et assez proche pour se compléter, et nos faiblesses assez communes pour se relever.

Ses yeux si différents des nôtres me rappelaient chaque jour maman, et c'était le seul souvenir qui ne me déchirait pas le cœur, car Alyah le portait magnifiquement bien.

C'était le regard que maman nous avait laissé dans celui de Alyah, pour qu'on tienne bon.

Aujourd'hui, ma maison est vide des fantômes de la mort, de l'abandon, et ma sœur n'est pas là pour le comblait avec ses discussions interminables, son rire moqueurs, ou ses plaintes quand je ne la laissais pas gagner à la Xbox ou que simplement, j'y passais trop de temps.

Elle n'est plus là pour s'énerver, ni pour me tenir tête et encore moins pour faire bruler des pattes qu'elle réussissait à rater.

Pire encore, elle n'est plus là pour me donner une raison de me lever le matin, celle de la voir sourire, et d'etre sur de prendre soin d'elle.

Sans Lyah, c'est comme si la vie que je m'étais construite, totalement autour d'elle, n'avait plus de point d'ancrage. Elle ne sait plus comment etre vécue, et ni pourquoi.

Mes propres sentiments me font honte, car je sais pertinemment qu'on dirait un désespéré qui ne voit que par sa sœur, et que personne ne pourrait comprendre à quel point c'est sa présence qui me donnait envie de vivre pour de vrai.

Sa sécurité, sa santé, ses sourires, ce sont les uniques choses qui m'ont poussé à me démener, et maintenant qu'elle n'est plus là, je comprends que si elle n'avait jamais été, je n'aurais pas vécu aussi longtemps.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant