₅₂. ᴀʙᴀɴᴅᴏɴ

75 11 0
                                    

Yael

-Euh... tu es sûr de toi, Yael ?

-Ferme là.

-Je dis juste que Alyah n'est pas au courant, et qu'elle n'appréciera pas la chose.

-Bordel Jones, est ce que ma sœur te fait peur ?

Lewy me fusille du regard en sortant une cigarette de son paquet.

-J'aimerais t'insulter, mais je ne le ferais pas car tu as un flingue dans la main, Yael.

Etrangement, alors que je suis d'une humeur massacrante, entre rage et peine, je lui souris. Car la pureté et la différence de Lewy Jones apporte quelque chose de nouveau, dans nos vies. Etre à ses côtés, c'est comme... prendre une petite pause.

Meme si je l'ai amené ici pour une raison trop rapprochée de notre monde, j'aime bien le voir aussi craintif.

-Demain nous avons une mission. Tu veux venir, c'est ok. Mais tu dois savoir te défendre.

Adossé contre un arbre, il tire une taffe de sa cigarette en fixant le soleil qui se couche.

-Je n'aime pas avoir une arme.

-Qu'est-ce que tu en sais, tu en as déjà eu une ?

-Je n'aime pas la perspective d'en avoir une, si tu préfères ! dit-il en roulant des yeux.

-Et bien, tu as décidé d'etre la, alors tu n'as pas le choix. Je n'aimerais pas que tu crèves bêtement demain soir.

-Ça me fait plaisir que tu te soucis de...

-Tais toi. Et prends ça.

Il grimace et attrape le pistolet que je lui donne, peu sûr de lui et presque stressé.

-Ça ne va pas exploser, Jones. Relax.

-Tu es drôle. Tu fais ça depuis que tu as quoi ? Seize ans ! Je n'ai jamais touché un flingue de ma vie, moi.

Je souris en chargeant le mien, puis lui tend le sien qu'il attrape toujours avec autant de crainte.

-Quatorze ans. J'avais quatorze ans, la première fois.

Il grimace et me lance un regard compatissant, qui m'énerverait venant d'autrui, mais vu que c'est Jones, ça passe mieux.

-Dis-toi que c'est le temps d'une soirée, Lewy. Tu n'auras pas à te salir les mains comme nous, je te le jure.

J'ai le droit à un petit sourire, sans savoir vraiment ce qu'il veut dire, suivit d'un rire moqueur quand il m'imite et charge le pistolet sans difficulté.

Je ne dois pas oublier que son père est un putain d'agent du FBI.

-Tu dois me prendre pour un incapable.

-Non. Au contraire, Jones. Tu m'impressionnes.

-Oula. Arrête, je vais croire que tu m'aimes bien, plaisante-t-il.

-Ferme là. Ce que je veux dire, c'est que tu viens dans un monde dont tu ne connais rien, si différent du tiens, pour retrouver ta sœur et affronter ses démons. Franchement, tu as du cran.

-C'est normal. Et puis, je n'ai pas l'impression de vraiment affronter ses démons avec elle... Ma sœur ne me dit rien. Je n'ai aucune idée de ce qu'elle vit, de ce qu'elle ressent. J'ai l'impression de la retrouver, mais à moitié.

Je me tends instinctivement en pensant à elle. A son regard, ses lèvres, qu'elles soient sur les miennes ou simplement face à moi. Ses mains qui hantent mon esprit, son corps que le mien ne cesse de réclamer, alors qu'au fond de moi, tout la déteste d'une haine profonde. Tout au fond de mon âme, Lyviee Jones ne devrait pas m'approcher, et penser à elle me donne des envies sanguinaires.

PUPILLE - BRAHMAN PARADISE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant