- T'as réessayé de l'appeler ?
- Oui, Lily, je l'ai appelé 6 fois depuis la dernière fois où je t'ai dit qu'il ne me répondait pas, et il ne répond toujours pas.
Ma meilleure amie s'assoit sur un banc devant le bâtiment et enfouit sa tête dans ses mains.
- Désolée, c'est juste que je suis frustrée parce que je ne sais pas quoi faire Lily. Côme avait dit qu'il reviendrait avec lui avant l'heure, mais ils ne sont toujours pas là !
Je m'approche d'elle et dépose ma main sur son épaule alors qu'elle commence à ronger ses capsules rose fuchsia pailletées qu'elle avait fait poser pour l'occasion.
- On ne va pas passer sans eux quand même, on l'a fait ensemble, on doit le finir ensemble, dit-elle en regardant durement le vide, puis expire bruyamment. Tu crois qu'on va devoir prévenir les profs qu'on ne peut pas passer ?
Je baisse la tête à cette idée qui m'attriste plus que tout.
- Je ne sais pas, Samy.
On reste encore quelques minutes l'une contre l'autre devant le bâtiment. Au bruit grinçant du moteur de la vieille voiture de Samarah, nous levons simultanément la tête.
- Regarde, ils sont là !
Je me lève pour rejoindre Côme à bord de la voiture de Samarah, avec Nathan à ses côtés. Samy essuie furtivement une larme qui s'était échappée contre son gré. Elle avait beau faire de son mieux, son stress et sa frustration face à Nathan se voyaient à des kilomètres. Depuis que nous sommes partis voir le frère de Malcom le week-end dernier, nous n'avons pas revu Nathan. Ce qui fut d'autant plus frustrant pour Samy qui, habituellement, le voyait quotidiennement, d'autant plus que vivant avec Malcolm, elle voyait ce dernier le rejoindre presque tous les jours. Quelque part, elle se sentait trahie ou peut-être même déçue. Voilà une fois encore une situation que Malcolm semblait savoir mieux gérer qu'elle vis-à-vis des gens qu'elle aimait pourtant tout autant. Malgré tout le stress provoqué, nous ne fîmes aucune remarque à Nathan et nous nous contentons de rejoindre nos professeurs qui nous attendaient devant la salle de la cérémonie.
- Vous voilà enfin, qu'est-ce que vous faisiez ? J'ai bien cru que vous n'arriveriez jamais ! Bon, peu importe, vous êtes là maintenant, c'est bientôt votre tour, les enfants. La professeur posa ses mains sur nos épaule pendant que nous marchions pour nous faire accélérer le pas.
Pour la deuxième partie de l'épreuve, le lieu se voulait un tantinet plus "chic" que le précédent, qui l'était pourtant déjà. Des coupes de plusieurs boissons non alcoolisées étaient présentes sur différents buffets. On pouvait apercevoir depuis le couloir un magnifique lustre éclairant la salle principale. La professeure de français était, pour l'occasion, vêtue d'un tailleur rose pastel et avait attaché ses cheveux à l'aide de pinces dorées qui laissaient dégager son cou, décoré d'une parure qui semblait hors de prix. Elle avait décoré ses paupières de couleurs plus vives qu'à l'accoutumée et portait un parfum à l'odeur plus imposante mais tout aussi charmante. Monsieur Horan, lui, portait un pantalon noir et une veste de costume de la même couleur, laissée ouverte, ce qui permettait d'entrevoir sa chemise blanche en dessous. Il était sur son téléphone et tournait en rond, paraissant tout autant stressé que nous. Une fois réunis, nous entrâmes dans la salle où la seconde partie du concours avait déjà débuté. Je tournai ma tête vers ma meilleure amie, restée en retrait, et je vis Nathan lui attraper furtivement le bout des doigts dans notre course. Je souris et me dirige vers ma destination.
Lorsque nous arrivons derrière le rideau, nous nous installons et répétons notre discours. Je sens qu'on me tapote l'épaule et me retourne vers Nathan qui détourna le regard instantanément.
- Désolé pour tout à l'heure, je ne voulais pas arriver en retard. J'ai vraiment été bête sur ce coup-là.
- Non mais qu'est-ce que tu racontes ? Personne ne pense ça, Nath, je peux te l'affirmer.
Malcolm qui était non loin, surgit derrière lui et amène la feuille de discours à Samarah.
- Malcolm, on a failli rater le concours à cause de moi, parce que je n'étais pas là à temps !
- Tu es là à temps, regarde, on n'est pas encore passés, dit-il en triant les post-it de Samarah.
- Tu vois très bien ce que je veux dire.
Malcolm ignore délibérément la remarque du brun et tend les dernières choses dont Samy avait besoin pour monter sur scène, qui était restées chez Nathan, avant de lui faire signe d'avancer.
- C'est à toi, vas-y, Samy !
Elle s'avance tout en regardant Nathan qui s'éclipsa derrière un rideau, tête baissée. Nous l'acclamions du plus fort que nous le pouvions lorsqu'elle avança sur le devant de la scène. Cette fois-ci, le concours se déroulait dans une autre ville que la nôtre et à une heure beaucoup trop tardive pour que les parents de Samarah et Nathan puissent laisser les plus petits seuls. Seul Marvin a pu se libérer, mais seulement pour la fin du concours. Pour l'instant, nous sommes donc seuls avec les professeurs, l'aide psychologique sur laquelle elle se repose.
- Bonjour, je m'appelle Samarah Sanchez, je représente l'ouvrage "Nos riTUElles" avec mes camarades et amis Nathan, Malcolm et Allyson. Notre ouvrage se présente sous forme de nouvelle ; nous sommes tombés sur le thème de la dépendance affective que nous travaillons dans notre histoire.
Samarah continue l'explication du texte auprès du jury qui lui pose des questions sur l'ouvrage. Elle y répond assurément, comme on pouvait s'y attendre de sa part.
- Très bien, pouvez-vous nous lire le passage que vous avez préparé ?
Elle se gratte la tête et tourne les pages du petit cahier à la recherche de la lecture. Elle nous lance un petit regard et nous lui sourions en guise de soutien.
- Aujourd'hui, comme hier et comme demain, Eenaya s'occupe du linge. Parce qu'il est important d'être bien apprêté, les Samayens apportent une grande importance à leurs accoutrements. Voilà pourquoi Hales, le père d'Eenaya, tenait particulièrement à ce que sa fille s'en occupe. Elle avait cette tendresse, cette attention, cette délicatesse qui faisait que le blanc ressortait plus blanc et que les couleurs étaient plus vives qu'à leur état neuf. Lorsque Eenaya faisait du bon travail, son père la félicitait, car bien évidemment tout travail mérite salaire. Pour autant, seul Hales appréciait ce moment de récompense, jamais Eenaya ne le réclamait et jamais elle ne le remerciait. "Ingrate", se disait-il parfois, n'apprécie-t-elle donc pas ces doux mots qu'il lui accorde ? Ne se rend-elle donc pas compte de l'attention dont il fait preuve ? Pour lui, c'était une preuve de gratitude, mais pour elle ce n'était qu'une corvée de plus à la liste, qu'un mauvais moment ajouté. Elle détestait faire le linge, elle ne le faisait que parce qu'elle y était contrainte. Pourquoi lui rappeler qu'on lui attribue cette corvée même quand elle l'a finie ? Après la colère, l'apaisement finit toujours par prendre place en elle. "Il en est satisfait et si ça lui plaît, ça me plaît aussi" se disait-elle pour se rassurer. Quand bien même elle détestait la sensation de sa peau fripée par l'humidité stagnante sur ses mains, elle détestait tout bonnement ces corvées quotidiennes. Pourtant, tout comme hier et aujourd'hui, il faudrait bien qu'elle les fasse demain.
Samarah finit sous les applaudissements du public et du jury, puis revient vers nous. Nous la serrons bien fort dans nos bras alors qu'elle expliquait comment elle pensait avoir tout foiré, moins sûre d'elle en dehors de la scène.
Finalement, après que les derniers groupes soient passés, les jury annonce leurs jugement. La présentatrice monte sur scène pour nous partager les avis du jury.
- Je tenais à vous féliciter une énième fois pour tout le travail que vous avez effectué jusqu'à présent. Au vu de toutes vos œuvres artistiques, nous pouvons dire que vous êtes de grands artistes, peu importe la décision finale du jury. Elle ouvre le petit bout de papier qu'elle a dans les mains, qui détient certainement le nom des gagnants de ce tour. En première place, Seo-u et Anna avec la présentation globale de leur photobook. Nous applaudissons le groupe de notre amie que nous avions rencontrée à Saint Calma Island lorsqu'elle rejoint la présentatrice sur scène pour cette victoire qu'elle mérite.
Le deuxième groupe est annoncé et je commence à stresser. Nous nous tenons tous les trois par la main et prions à voix haute pour que le troisième groupe soit le nôtre.
- Enfin, pour la 3e place : Samarah, Allyson, Nathan et Malcolm pour la nouvelle "Nos riTUElles". Samy me saute dans les bras et nous rejoignons les deux premiers groupes sur scène. Le père de Samarah, arrivé au même moment, nous rejoint en même temps que nos professeurs. Les portes vers la finale sont enfin devant nous.
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PS : Je t'aime maman
Jugendliteratur" Si nous étions des étoiles alors je serais sûrement une supernova, brillante à l'extérieur mais mourante à l'intérieur, tentent de m'éloigner au plus de toi. Je ne sais pas comment j'ai commencé à me sentir comme ça pour la première fois mais je s...