PS : Je t'aime maman

30) 5 mois plutot

- Comment ça, vous ne faites pas de pizza mexicaine sans viande et sans légumes ? Je l'ai demandé la dernière fois et je l'ai eue, alors ne vous moquez pas de moi.
- Monsieur...
- Laissez, je m'en occupe !
- Enfin, quelqu'un pour me donner ma satanée pizza !
Samarah vole au secours de notre pauvre patron qui semblait autant décontenancé que moi la dernière fois que notre bon client est venu à nous.
- Vous êtes du coin ?
- Pas vraiment, j'habite en plein centre-ville.
- La pizzeria est loin de la ville, dit Samarah en encaissant le client, cela ne vous dérange pas de faire le déplacement ?
- Si, mais la pizza de la dernière fois vaut que je fasse le détour !
Samarah se tourne brusquement vers moi.
- Tu entends ça, Lily ? Il aime bien sa pizza !
Je ris à la remarque de mon amie en essuyant les verres devant moi avant de les ranger dans l'étagère faite pour.
Les qualifications pour le prochain concours approchent à grands pas, et malgré l'avancée considérable que nous avons prise pendant le séjour, je ne peux m'empêcher d'être anxieuse pour la suite.
- Votre pizza mexicaine revisité à votre goût, Monsieur.
- Ah, merci, mademoiselle !
Il repart gaiement ignorant la fourberie de mon amie. Elle me rejoint devant le bar et commence à passer la serpillière. Elle l'attrape d'une main et la fait valser vers l'autre, prenant une voix grave et théâtrale.
- Excusez-moi ? Elle relève le buste, j'ai dit que je voulais une pizza à la viande sans viande, gentille demoiselle, et non pas une margueri- je ne sais quoi. Elle prend la serpillière de l'autre main et la fait tourner autour d'elle, prenant une petite voix. Mais, monsieur, je ne fais que mon travail avec mes propositions ! Elle attrape la serpillière violemment et s'approche dangereusement en récupérant sa voix grave. C'est votre métier, mais on dirait que je m'y connais mieux que vous. Allez donc me donner mon souper ! Elle fait tourner sa serpillière sur elle-même avant de la récupérer. Est-elle à votre goût, Monsieur ? Elle attrape la serpillière dans ses bras et tourne avec elle. C'est exquis comment un met aussi délicieux peut-il donc voir le jour ! Que l'on m'emmène ici tous les soirs à dos d'éléphant !
Je ris à ses bêtises et surprends Lisa à faire de même. Nous finissons de ranger la vaisselle, et je rejoins Samy à l'avant de sa voiture.
- Faites attention sur la route !
- Oui, merci Valentino. Au revoir, Lisa !
Samarah démarre, et j'observe nos amis rétrécir à travers le rétroviseur. Je détourne mon attention sur Samarah qui s'est soudainement mise à sautiller comme une puce et à pousser des petits cris d'excitation.
- Ah, j'ai hâte d'être à demain !
Demain était le jour où nous nous étions mis d'accord pour rencontrer le frère de Côme. Samarah, qui le voyait partir toutes les semaines avec ses parents, semblait la plus intriguée.
- Tu penses qu'il ressemble à quoi ? Dit-elle, souriant si fort que ses fossettes ressortaient de plus belle.
- Je ne sais pas, Samy. Il a quand même un cancer. Côme m'avait dit qu'à un moment, il avait fait de la chimio, il a sûrement dû perdre des cheveux. Aussi, il ne peut pas marcher tout seul, donc il est sûrement très faible physiquement.
- C'est vrai, t'as raison. Mais je pense quand même qu'il est fort. Il y a deux mois, il ne ressentait plus rien dans sa chambre gauche, et Côme m'avait dit qu'il s'était donné à fond dans ses cours de rééducation. Il peut être fier de lui. Je ne sais pas si j'aurais eu les épaules pour faire tout ça.
Samy s'arrête à un feu rouge, et un silence prend place dans la voiture. Je triture mes doigts en pensant à la journée de demain.
- J'ai surtout peur pour Côme. Il était méconnaissable la fois où on s'est disputés lorsque son frère a fait une rechute. Je me demande comment ça sera. Je me pince le bout des doigts, comment ça sera pour lui demain.
Samy pose sa main sur mon genou.
- Je suis sûr que tout se passera bien.