01. Nouveaux

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ELYO

Assise, les genoux ramenés contre ma poitrine, je regardais les nombreuses étoiles illuminant le ciel, une cigarette calée entre mes lèvres. Ça m'apaisait.

Ce n'était pas encore ma période préférée. Celle des étoiles filantes. Celle où je traînais Lyzio dehors la nuit pour qu'il les regarde avec moi en silence, même si j'étais la seule de nous deux qui appréciait autant ces sorties nocturnes.

Le ciel me fascinait et j'adorais regarder l'espace. Je pouvais l'observer pendant des heures, comme s'il était le spectacle le plus magnifique qui pouvait être offert durant sa vie à un être humain - ce qui, de mon point de vue, était assurément le cas. Je n'avais jamais rien trouvé d'aussi beau, ni rien qui me fasse me sentir aussi bien.

Enfant, on m'avait souvent raconté que la lune étincelait fort pour nous encourager à en faire de même et que ces petits points que je voyais briller autour d'elle étaient des poussières de diamants. Ma mère avait alors tout cassé en me rappelant que ce n'était simplement que d'autres soleils.

Mais l'histoire de la lune m'était restée et, faute de pouvoir me balader dans la galaxie comme dans les films Star Wars que je regardais en boucle quand j'étais petite, j'avais longtemps voulu devenir astronaute.

Le revirement de situation est plutôt inquiétant.

Bien que l'été commençait doucement à arriver, le vent léger qui soufflait sur mes cheveux fraîchement coupés au carré me fit frissonner. Je posais ma tête contre le mur derrière moi, admirant la pleine lune se faire doucement recouvrir par de petits nuages.

Elle ne brillera donc plus.

Plus pour moi.

Comment faire si même la lune nous abandonne ?

Je pris ma cigarette entre mes doigts, soufflant mon propre petit nuage de fumée, quand une voix interrompit soudain mes pensées :

- Elyo ?

Je tournais la tête pour apercevoir, penché à la fenêtre de son bureau, mon seul supérieur hiérarchique. Camilo Hayden, le leader de l'organisation illégale dont je faisais partie.

Ses cheveux bruns foncés retombaient sur ses yeux. Il enjamba la balustrade quand il fut sûr de ma présence et grimpa pour venir me rejoindre sur le parapet de béton à moitié écroulé. Celui-ci me servait d'observatoire depuis que nous avions déplacé nos effectifs dans cet ancien immeuble en ruine. Comme d'habitude, un air imperturbable était affiché sur le visage de mon supérieur tandis qu'il s'asseyait à mes côtés.

- Ça va ? me demanda-t-il, les yeux rivés droit devant lui.

Non.

- Ça va, répondis-je tout de même.

Je lui tendis mon paquet de cigarettes. Il tourna son visage vers moi et en attrapa une alors que je continuais de fixer le ciel, évitant son regard. Il savait très bien que ma réponse était un mensonge, mais à ce moment là, je lui étais extrêmement reconnaissante de faire comme si de rien n'était.

Parce que je faisais pareil pour lui.

Parce qu'il était comme moi.

Mais pas toujours pour les mêmes raisons.

J'appréciais le silence respectueux qui vint s'installer entre nous. Avant que Camilo ne le rompe. Il reporta lui aussi son attention vers les points scintillants qui éclaboussaient l'horizon, se détournant de mon visage, et m'informa :

- Il faudrait que tu ailles me chercher des nouveaux.

Ensuite, tranquillement, il alluma sa cigarette avec le vieux briquet rouillé posé à côté de moi - dont il réussit à tirer une flamme seulement après plusieurs essais - alors que les mots qu'il avait prononcés saisissaient totalement mon esprit.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant