07. Gestes interprétés

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ELYO

Mon cerveau rejouait au ralenti le moment où Jay avait sortit l'arme de son dos pour la pointer discrètement sur moi tout en enlevant le cran de sécurité qui la rendait inoffensive. Ma respiration s'accéléra automatiquement, mes pensées s'emballant avec elle.

Il allait me trahir.

Il voulait me tuer.

Il fallait le tuer.

Tous mes muscles se crispèrent, accusant le coup de l'information que je m'étais donnée - peut-être un peu trop rapidement mais, à cet instant, je m'en fichais. Je n'étais pas en état d'émettre un jugement critique sur mes pensées. Tout ce que je voyais, tout ce qui tournait en boucle dans ma tête, c'était l'image de son bras armant doucement son flingue pour ensuite venir le braquer discrètement sur moi.

Il était dangereux.

Pour moi, à cet instant.

Pour eux, possiblement.

Pour le réseau, assurément.

Je ne veux pas tuer. Je ne peux pas. Je-

Sans me permettre de terminer ma réflexion, une voix retenti dans le flou qui enveloppait l'entièreté de mes sens, aidant mon cerveau à se concentrer à nouveau sur quelque chose de réel :

- Hé, Elyo ! Doucement, calme toi ! Je faisais ça pour t'aider, ok ?

Je fronçai les sourcils. La phrase que j'entendais ne collait pas du tout avec le souvenir et les images qui tournaient sans interruption dans mon esprit : Jay sortant son arme pour la pointer directement sur moi.

Il allait me trahir ?

Il voulait me tuer ?

Il fallait le tuer ?

Je n'avais plus aucune certitude. Mes pensées s'embrouillaient, en accord avec ma vue, alors que l'impression de me créer des souvenirs falsifiés se faisait de plus en plus présente. Impression qui se confirmait encore par la voix lointaine qui semblait être celle de Jay, tentant sûrement de paraître rassurante.

Le fracas métallique caractéristique du bruit d'une arme tombant lourdement sur le sol me fit brusquement reprendre tous mes esprit, et mon impression de flou s'arrêta aussitôt.

À la place, je voyais Jay, levant ses deux mains en l'air, comme pour me signifier qu'il ne voulait rien me faire. Son pistolet était maintenant écrasé au sol.

Il ne voulait rien me faire ?

Je rejouai les dernières minutes à toute vitesse dans ma tête, essayant de comprendre pourquoi il aurait fait ce mouvement autrement que pour s'occuper de mon cas.

« Je faisais ça pour t'aider. »

Quelle aide ?

Mes yeux parcoururent rapidement les lieux plongés dans la quasi pénombre, perdus et dépassés par les événements, s'attardant sur ma position. J'avais mon arme pointée sur Jay, le cran de sécurité enlevé, prête à tirer.

Qu'est-ce que j'avais fait ?

Quand est-ce que je l'avais fait ?

Je remarquai alors le regard inquiet du menacé, mais ce dernier n'était pas motivé par moi - ou même par mon arme pointée sur lui. C'était plus loin. Derrière.

Lorsque je compris, toute confusion se dissipa.

« Je faisais ça pour t'aider. »

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant