29. Nouvel accord

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ELYO

Cela faisait déjà plusieurs minutes que j'avais rejoint mon supérieur, soit plusieurs minutes passées à attendre plantée dans un coin de la pièce sans oser bouger. Camilo, en train de faire les cent pas devant moi, avait l'air beaucoup trop énervé pour que je lui offre une occasion de laisser sa fureur envers mes actions s'échapper. Cependant, une fois arrivée à mon seuil maximal de patience, j'avançais prudemment, sachant pertinemment de quoi il était question :

- Quand la vitre serait tombée, je les aurais tués et-

- Tu n'avais aucune protection, aucun endroit pour te couvrir ! me coupa-t-il, enfin décidé à s'exprimer. Ils mitraillaient putain ! Tu serais juste morte ! Et tu le sais !

Mais si j'étais partie, il y aurait eu de la casse. Moi, de toute façon, je suis déjà cassée.

- Je me serais enfuie avant, affirmai-je tout de même. Je voulais juste les occuper.

Plantant ses yeux assassins dans les miens, Camilo secoua la tête d'un air désabusé. Il laissa échapper un ricanement, ne parvenant pas à croire que mes mots aient véritablement été prononcés, sachant pertinemment qu'ils étaient faux, ne manquant d'ailleurs pas l'occasion de me le faire savoir.

- Tu mens.

Ses mains tremblaient littéralement de rage lorsqu'il se mit à hurler :

- TU MENS PUTAIN ! TU T'EN FICHAIS DE MOURIR ELYO, ARRÊTE DE FAIRE SEMBLANT !

Afin de contrer ses cruelles et véridiques accusations, je m'approchais de lui pour venir lui souffler :

- Toi aussi.

Son corps entier se crispa à l'entente de mes mots articulés d'un calme ton tranchant. Je ne m'arrêtais pourtant pas à cette réplique et enfonçais encore :

- Toi aussi tu t'en ficherais de mourir. Tu vis juste pour te venger, comme moi. Et tu vis pour elle, parce que tu penses qu'elle va te revenir un jour. Tu t'accroches et tu espères et tu te tues encore plus.

J'étais consciente du mal qu'il allait avoir à encaisser les paroles que je lui envoyais, mais à ce moment là, elles me servaient de piètre défense contre les siennes. Les siennes qui s'étaient mises à résonner en moi beaucoup plus fort que je ne le voulais, me créant une nouvelle source indéfinissable de panique.

Camilo tremblait encore. Pourtant, cette fois-ci, ce n'était plus seulement ses mains, ses bras ou encore ses épaules mais sa lèvre qui s'agitait, ses yeux assombris noyés d'un sentiment que je ne parvenais à déchiffrer totalement.

Soudain prise de remords, j'entrepris de faire un pas vers lui dans le but de venir adoucir mes propos sortis plus violents que prévu, sauf qu'il me demanda de sortir et que, par expérience, je lui obéis sans résistance. Alors que je refermai la porte derrière moi, anxieuse et secouée, j'aperçus Jess et tout devint soudain lointain.

- T'écoutes aux portes ?

Il me toisa, croisant ses bras sur son torse avant d'ironiser froidement :

- La réponse changerait quelque chose à notre relation ? Tu ne me fais déjà pas confiance, non ?

Je plissai les yeux et me mis à imiter sa position, le défiant du regard. Sans prendre en compte sa réplique, je l'interrogeai alors :

- Tu as entendu quoi ?

Je me doutais qu'il m'en voulait toujours. Pas uniquement pour avoir forcé l'entrée de sa vie privée - bien que ce soit l'idée dominante - mais également à cause de ce que je lui avais récemment fait savoir sur le toit du Mantex et qu'il n'avait toujours pas accepté : j'étais encore très méfiante à son sujet.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant