08. Cohabitation compliquée

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ELYO

Je détestais les archives. La pièce était petite, mal éclairée, étouffante et remplie de papiers mal rangés. La salle exiguë me rendait claustrophobe et, maintenant que cela faisait déjà des heures que j'étais à l'intérieur, rien ne pouvait être pire que de devoir y rester encore.

- Vous savez que si j'allume une clope là maintenant, la pièce brûle sûrement en deux minutes avec tout le bordel de feuilles qu'il y a ?

- Range, fais toi plaisir.

La phrase que Lyzio avait soupiré, exténué, faisait écho à mes pensées. Trois heures que nous étions là-dedans, Finn, lui et moi. Trois heures que nous cherchions des papiers que l'on avait probablement dû brûler ou oublier durant le déménagement de notre ancien quartier général.

- Et si on arrêtait ? Sérieux, c'est trop épuisant. Il fait beaucoup trop chaud.

Mon ami et moi, comme parfaitement coordonnés, tournâmes la tête d'un seul mouvement vers Finn, assis sur une chaise à nous regarder nous activer depuis environ quarante-cinq minutes. Nos regards noirs ne lui firent aucun effet. Il s'amusait à nous ignorer royalement pour nous énerver.

- Ça avance avec ton nouveau ? demanda-t-il le plus innocemment du monde, laissant son regard traîner sur le plafond rempli de toiles d'araignées comme si la réponse ne l'intéressait pas plus que ça.

Comment bien démarrer une discussion : tuto.

- Je fais juste du baby-sitting.

- Ça compte pas pour des prunes, fit-il espièglement remarquer, se mettant ensuite à ricaner nerveusement quand il vit que je le fusillais des yeux.

Ce gars est une mauviette insolente qui n'assume rien du tout.

- Et en plus t'es même pas payée, s'indigna-t-il pour détourner mon attention.

- Si, rétorquai-je espièglement, savourant ma vengeance. J'ai forcé Camilo à m'augmenter comme assurance de ne pas tuer l'autre débile.

Bien évidemment, c'était totalement faux. Et me fis justement penser que je devrais peut-être faire en sorte que mon mensonge devienne réalité. Garder le boulet ne me rapportait pas un rond en plus.

Du baby-sitting en bénévolat.

- QUOI ?! s'étrangla Finn, paniqué. De combien ? Puisque t'es affectée à des interventions classiques avec Jess collé à toi, ça veut dire que Camilo t'a refilé ses interventions spéciales. Mais proportionnellement, ça ne devrait pas changer grand-chose sur le revenu hebdomadaire. Pour les avances, j'avais déjà tout vu avec lui et.. Putain t'es payée combien ?

Parler d'argent à Finn, c'était toujours marrant. On ne comprenait jamais rien à ce qu'il se mettait ensuite à raconter, impliqué au maximum. Grâce à son esprit vif, ses investissements bien placés et surtout la grosse fixette qu'il faisait sur l'argent depuis son plus jeune âge - à cause de l'extrême pauvreté qu'il avait connu -, il était rapidement devenu la plus riche de mes connaissances.

Malgré tout, il continuait de courir après les billets. Je savais qu'il le faisait pour être sûr de pouvoir protéger tous ses proches du besoin et qu'il donnait une bonne partie de ses revenus à sa famille.

Je me vengeai donc de ses réflexions en appuyant sur son obsession, prenant tout mon temps pour démentir mes propos. Lyzio rigolait avec moi, sachant déjà pertinemment que je mentais.

- Détends toi, c'était une blague, articulai-je difficilement lorsque Finn se leva, bien décidé à venir me secouer pour que je lui réponde enfin.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant