38. Miller

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ELYO

Je m'étais figée au milieu d'invités qui me bousculaient, le corps glacé. Je ne voulais pas me retourner mais courir. Partir. 

Fuir.

« Tu vas finir par renverser quelqu'un, Plum. »

Cette voix hantait chacune de mes nuits, elle que je rêvais d'entendre me supplier de ne pas mettre fin à sa misérable vie. Je me retournai, espérant avoir tout imaginé.

Sauf qu'elle se trouvait là. Immobile, face à moi.

Vengeance qui aurait bientôt dû être accomplie.

Vengeance bien vivante devant moi aujourd'hui.

- La joie ne se voit pas sur ton visage recouvert de cet.. hideux camouflage. Souris, Plum. Tu n'es pas contente de me voir ?

J'avais toujours pensé instantanément tuer la personne qui me parlait. Je croyais que si je la croisais, rien n'arriverait à m'en empêcher. 

J'avais tord. 

Mon corps tétanisé me prouvait que j'étais en réalité effrayée, également remplie d'une vive animosité qui ne demandait qu'à s'extérioriser mais que ma peur bloquait, semblant préférer me voir faible et pétrifiée.

Je détestais.

Je le détestais.

- Vous observer s'est révélé étre assez divertissant, débuta-t-il, soupirant.

Il avança de quelques pas pour se retrouver collé à moi.

Je déteste les traîtres.

- Je suppose que vous comptez bientôt m'attaquer. Je me trompe, Plum ?

Ma bouche s'ouvrit mais aucun son n'en sortit. 

- Quoi, tu ne sais plus parler ? Terrorisée ? Ça va être compliqué si tu comptes m'affronter.

Puis, lorsqu'il me sentit bouger - mouvement brièvement esquissé par mon poignet après un travail d'intense volonté -, un froid vint me glacer, sans pourtant me faire autant d'effet que la marée d'effroi qui me traversait. Sa veste cachait l'arme qu'il s'était mis à appuyer sur moi, il menaça :

- Laisse moi terminer avant de tenter de te rebeller. Tu veux finir comme lui, ton cher Charlelie ?

Le nom prononcé me fit souhaiter à cet enfoiré qu'il meure torturé avec créativité, me fichant complètement du fait que ses idées ressortaient une piètre mentalité.

Pour lui, je pouvais être un monstre.

Et plus que ça, je le voulais.

Mais actuellement, seule ma peur ressortait. 

Et lui s'en délectait. 

Il savait.

Il jouait.

Avançant encore d'un pas, sa tête se rapprocha pour se placer à côté de moi. Il murmura :

- Et récupérer mes plans inutilement, ça c'était amusant ? Ce serait ennuyant que vous ne soyez pas au courant du déménagement de tous mes bâtiments.. Devoir tout recommencer serait.. réellement épuisant.

Après quoi il s'écarta, appuya une dernière fois :

- Essayez. Vous avez jusqu'à demain, j'attendrai. 

Il s'éloigna et ajouta - d'un ton bien plus enjoué que celui qu'il avait précédemment utilisé :

- Tentez de ne pas tous y passer, j'aimerais encore m'amuser !

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant