02. Règle

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ELYO

- Debout ! Elyo, réveille toi !

Une voix sourde se faisait entendre à mes oreilles et je sentais que l'on me secouait violemment l'épaule afin de me faire émerger de mon sommeil profond. J'ouvris finalement les yeux après plusieurs secondes, à contrecœur, dégageant la main qui m'agitait sans ménagement.

Et le visage de Lyzio penché au dessus de moi s'imprima instantanément sur ma rétine.

Ce dernier m'adressa un grand sourire en reculant de quelques pas tandis que je me redressai pour m'asseoir tout en m'étirant, les vieux ressorts du matelas se faisant sentir sous mon poids.

- T'as dormi ici ? me questionna curieusement mon ami en penchant la tête sur le côté.

Pas du tout, non. Je ne vois pas ce qui te fait dire ça.

J'acquiesçai, retenant un bâillement en répondant à sa question évidente. Ma fatigue d'hier soir m'avait fait préférer dormir à l'organisation, dans le vieux clic clac miteux de ma pièce attribuée, plutôt que dans le confortable lit king-size de mon appartement sur Spring Street.

Un choix motivé par ma flemme, mais en aucun cas par ma scoliose.

La plupart du temps, personne ne dormait dans l'immeuble. À part Camilo ou les équipes du sous-sol. Nos pièces nous servaient surtout à ranger nos affaires personnelles ainsi qu'à nous changer et nous préparer en prévision d'interventions. J'étais d'ailleurs la seule à avoir un lit à l'intérieur de la mienne.

Me frottant les yeux, je la balayai rapidement du regard. Elle était ridiculement simple.

Ses murs de béton étaient abîmés et remplis de tags décolorés par le temps. Principalement des smileys et des écritures illisibles. Une première porte en fer donnait sur le couloir et une seconde sur ma minuscule salle de bain, en mauvais état mais fonctionnelle.

J'avais gardé ici tous les meubles qui y étaient déjà entreposés lorsque nous avions commencé à nous installer dans l'immeuble : le vieux canapé-lit ; le miroir en pied au coin de la pièce ; la table basse qui menaçait de s'écrouler sous les piles de dossiers que j'avais entassées et l'ancien meuble de rangement en bois.

Sur celui-ci était posé le seul et unique objet que j'avais moi-même ramené : mon tourne-disque.

Ainsi que mes vinyles. Et mes armes. Et mes vêtements. Et-

Ok j'ai ramené des trucs.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je en reportant mon attention sur Lyzio, qui attendait patiemment que j'émerge. Il est quelle heure ?

Mon collègue s'adossa au mur avant de me répondre, soufflant sur ses cheveux noirs pour dégager les quelques mèches qui retombaient sur son front. C'était un plutôt bel homme, grand, avec des yeux aussi noirs que ses cheveux, typé asiatique et porteur d'un sourire éclatant et communicatif.

Et accessoirement la personne avec qui je passais le plus clair de mon temps depuis toute petite.

- Treize heures, répondit-il. On t'a laissée dormir, ça faisait longtemps que ça t'était pas autant arrivé. Même si t'es pas non plus Camilo.

J'écarquillai les yeux en assimilant l'information, ce qui eu pour mérite de faire éclater de rire mon ami. Habituellement, je ne dormais pas beaucoup. J'avais dû être vraiment fatiguée la veille pour m'enfiler autant d'heures de sommeil.

- Je suis venu parce que des nouveaux vont bientôt arriver, continua Lyzio alors que je grimaçai face à ce qu'il m'annonçait. Je pensais que t'aimerais être au plus présentable et opérationnelle pour quand ils seront là.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant