16. Avery

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ELYO

Coupe de champagne à la main, je laissais mon regard dériver sur la salle de réception, analysant sa hauteur de plafond, ses multiples moulures et le lustre qui pendait en son centre. L'intérieur de l'immense pièce donnait l'impression d'assister à une soirée mondaine de la Renaissance - si l'on faisait abstraction des tenues qui n'étaient certainement pas dans le style de l'époque.

Mais bien plus que la décoration, mon regard épiait la foule. Il y avait beaucoup de monde. Beaucoup trop pour moi. Je m'étais donc postée dans un coin - réfléchissant à la meilleure manière d'accéder au bureau de Roberts sans me faire repérer par les vigiles qui surveillaient l'escalier qui y menait -, seule, ayant abandonnée Jess dès le passage de la porte principale. 

Très mauvaise idée. Mon cerveau était maintenant en surchauffe, rempli de constantes peurs et interrogations. Car, bien que nous ayons infiltrés une soirée événementielle de son entreprise de textile, Roberts faisait parti du marché. Et notre monde aimait beaucoup s'incruster là où il n'avait pas sa place.

Une foule dans laquelle se trouve possiblement des représentants de réseaux concurrents + Jess se promenant tout seul au milieu d'eux = moi paranoïaque.

Je ne pouvais m'empêcher de vérifier toutes les deux secondes que le boulet n'était en train de parler à personne. Pas même à un serveur. Ces employés passe-partout de Roberts pouvaient très bien s'agir d'espions sous couverture à la recherche d'informations. 

Me faisant la réflexion que mon idée pouvait tenir la route, je jetais un regard noir à celui qui vint récupérer mon verre vide. Il s'empressa de filer le rapporter aux cuisines, effrayé.

Je savais que j'étais extrémiste, j'en avais conscience, mais il était désormais impossible pour moi de m'empêcher d'imaginer toutes les éventualités possibles, mêmes si elles étaient complètement improbables. J'avais trop perdu autrefois pour ne pas être méfiante maintenant. Il fallait désormais que je reste sur mes gardes en toute circonstances.

Ce qui se traduisait actuellement par une nouvelle vérification des activités d'Anderson. Lorsque mes yeux se posèrent sur lui pour la centième fois depuis notre récente arrivée, les siens me fixaient déjà. 

J'avais toujours l'envie folle de le provoquer, voulant qu'il perde contrôle et assume ce qu'il avait souvent laissé entendre à mon propos. Problème : je ne savais pas vraiment comment m'y prendre. 

J'avais l'habitude de provoquer les gens, mais seulement à l'aide de paroles bien placées qui leur donnaient généralement envie de me tuer. Cette fois-ci, le but recherché était différent. Et je sentais que j'allais vite finir par faire de la merde. 

J'étais forte lorsqu'il s'agissait d'énerver le monde, beaucoup moins lorsqu'il fallait qu'il m'apprécie.

- Salut !

Je levai les yeux, méfiante, vers la voix qui m'avait interpellée dans mes intenses réflexions. Mon regard se posa alors sur un garçon légèrement plus grand que moi, dont le sourire éclatant avait creusé une fossette sur la joue droite. Il arborait de légères taches de rousseurs, des cheveux châtains clairs et des yeux verts.

Translucides et pastel. Intenses.

Comme les miens. 

Comme les siens.

- Je suis le fils Roberts, se présenta-t-il. T'as l'air bien plus jeune que toutes les autres personnes présentes. Tu connais mon père ? C'est pour ça que t'es là ?

Il était mignon. Jeune.

Et il lui ressemblait. 

L'information n'aurait pas dû prendre autant de place dans mon esprit. Sauf que, comme souvent, je n'arrivais pas à empêcher mes pensées de s'évader vers des choses futiles - comme par exemple celles qui concernaient une certaine personne me fixant actuellement les poings serrés.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant