05. Entraînements

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ELYO

Je soufflai sur le haut de ma tasse fumante, me dirigeant vers mon canapé afin de m'affaler confortablement dessus pour la boire. Je vivais seule dans cet appartement spacieux - au plafond élevé partiellement vitré et au parquet glissant - depuis mes quinze ans. 

Seule depuis cet âge uniquement en théorie car le squat de la part de Charlelie avait toujours été quasiment omniprésent.

Nous aurions pu habiter ensemble mais nous avions tous deux préférés l'indépendance, la liberté, la distance.. tout du moins au début. Et surtout de mon côté.

Maintenant, j'étais vraiment seule. Le calme qui régnait dans mon appartement depuis était assourdissant, rempli du bruit des souvenirs, de la tristesse, du silence.. J'étais cependant si fan de cet endroit et de ses gigantesques fenêtres contre lesquelles je pouvais m'asseoir et regarder le ciel du haut du septième et dernier étage de cet immeuble que je n'étais pas partie.

Et également parce que je n'arrivais pas à tirer un trait sur cette histoire. Pas complètement.

L'endroit me rappelait trop de souvenirs que je voulais étouffer, mêmes joyeux. D'un côté, j'aimerais les oublier pour ne plus les laisser me faire mal, mais d'un autre, j'espérais me les rappeler pour toujours. Généralement, j'arrivais plutôt bien à mettre en sourdine mon passé, mais il y avait toujours des moments où les souvenirs revenaient dans ma tête sans prévenir et bousculaient tout sur leur passage.

Je laissai mon corps s'enfoncer plus profondément dans les coussins moelleux et finis ma tasse d'une traite avant de me lever pour aller la poser sur mon plan de travail. Camilo avait donné rendez-vous à tout le corps spécial pour un entraînement commun - ou plutôt un genre de test - qui allait me permettre d'enfin jauger la force du boulet qui m'accompagnait depuis déjà quelques jours. J'espérai secrètement qu'il soit très mauvais, ce qui me faciliterait grandement dans mon intention de le faire virer avec une bonne excuse. 

Je pris mon portable et écrivis rapidement un message à l'intention de Finn, étant celui qui habitait le plus près de chez moi.

De moi : Besoin d'un Uber.

J'accompagnai mon texto d'un smiley sans rapport apparent et éteignis l'écran de mon téléphone, posant l'appareil à côté de ma tasse vide, me détournant pour aller enfiler mes chaussures. Je n'avais jamais acheté de voiture - bien que j'en ai largement les moyens - et demandais généralement à Lyzio de me conduire lorsque j'avais besoin d'un chauffeur. 

Sauf qu'aujourd'hui, j'étais en retard. Finn était donc la meilleure option pour échapper aux reproches de Camilo puisque je savais qu'il partait toujours à la dernière minute et ne devait donc pas être très loin.

Mais je réalisais cependant trop tard que la phrase que j'avais envoyée était une très mauvaise idée. Je ne pu m'empêcher de pester en entendant mon téléphone vibrer en réponse, et le message qui s'afficha sur l'écran me confirma dans mon pressentiment.

De Harrisque : Tu connais les prix ?

Demander de faire le Uber à un mec - ami ou pas - obsédé par l'argent n'était clairement pas recommandé. J'allais réellement devoir payer le trajet.

Si t'en avais pas parlé, il t'aurait quand même demandé de la thune, championne. Sûr à 90%.

Pourquoi négliger les 10 restant ?

Les rêves c'est la nuit bestie.

Une seconde vibration m'annonça qu'un autre texto était arrivé à la suite du premier.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant