15. Radio hantée

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ELYO

- C'est de la merde, fit la voix à côté de moi à propos de ma musique sortant des baffles de la voiture.

Un long soupir quitta mes lèvres et je fermai les yeux, posant mon front contre la vitre, me demandant encore une fois comment j'avais pu accepter de me retrouver dans cette situation merdique.

« - Vous irez dans la dépendance de Brighton, avait calmement continué mon supérieur après son annonce qui aurait amplement mérité que je réfléchisse sérieusement à faire grève. À la réception des Roberts, pour récupérer les fichiers sur la KIP.

Me rappelant de l'intervention foireuse que j'avais effectuée et de cette histoire d'informations volées, j'hochai la tête, réceptive aux renseignements, mais en aucuns cas par le choix de mon accompagnateur. Comment ça j'allais partir avec lui ? Et deux jours entiers ! Putain, le cauchemar.

- Pourquoi lui ? questionnai-je abruptement Camilo. Pourquoi je ne peux pas y aller avec Lyzio ? Tu veux un conflit interne parce que j'aurais fini par commettre un meurtre ?

« Dommage que tu ne sois pas vraiment mon style. »

Clochard.

- Tu peux être très chiante aussi, attention à ce que ce ne soit pas moi qui finisse par te tuer, intervint calmement le concerné.

Je lui jetai un regard noir. Il fit de même. Camilo soupira.

- Vous êtes les deux seuls ici que Roberts ne connaît pas. La décision est non-négociable. »

Nous roulions depuis à peine une heure et j'en avais déjà marre. S'il changeait ma musique, j'allais vite finir par vouloir sauter sur l'autoroute, déjà que je rêvais de l'abandonner sur la bande d'arrêt d'urgences. Les premières notes d'une nouvelle chanson se firent entendre - Smells Like Teen Spirit de Nirvana - et mon agacement disparut aussitôt au profit d'une franche satisfaction. Comment est-ce qu'il pouvait ne pas aimer ça ?

La plus grande majorité du temps, j'écoutais ce que les gens de mon âge appelaient des « vieilles musiques », j''adorais ça. Pour moi, elles étaient aussi le meilleur moyen de me ramener à la lointaine époque dans laquelle la plupart de mes problèmes actuels n'étaient pas encore présents.

Si en plus de tous ses défauts il a des goûts de merde, c'est vraiment un cas désespéré.

« Dommage que tu ne sois pas vraiment mon style. »

Peut-être qu'il avait bon goût finalement. Il avait raison. J'étais pas.. ouf.

Mais peut importe, je me le promettais, il allait regretter ses mots. Et pour cela, je n'allais pas changer mon style pour lui plaire, j'allais simplement le contraindre à avoir envie du mien. Et lorsqu'il se verra obligé de l'avouer, je lui balancerai à la figure qu'il n'est pas le mien.

Le mec va s'asseoir tellement c'est faux.

- T'es muette, River ? s'enquit-il d'ailleurs en voyant que je ne répondais pas à sa provocation. Tu sais que ça va être long ?

Cinq heures. Je dois le supporter cinq putains d'heures.

Ce malheureux constat me motiva à profiter du trajet pour dormir, ce qui allait par la même occasion m'aider à échapper à cette triste réalité, mais, chaque fois que je fermais les yeux, le con assit à côté de moi klaxonnait bruyamment pour m'empêcher de me reposer tranquillement.

Enfoiré de mes deux.

Après plusieurs tentatives de confrontation finies en dialogue de sourd, je décidai de ne plus lui prêter aucune attention jusqu'à ce qu'il se lasse de faire du bruit. N'ayant que très peu dormi la nuit dernière, mes yeux se fermaient presque tous seuls, la fatigue alourdissant mes paupières, brouillant ma vue. Le bruit du klaxon - qui retentissait dans mes oreilles pareil à une musique énervante - finit même par me bercer, et je sombrais peu à peu dans le sommeil, priant pour que mon conducteur se soit volatilisé à mon réveil.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant